il s'agit bien de polissage du métal d'après ce que je viens de lire...
mais je vous fais un copié collé d'un article qui est intéressant tant sur le plan anecdotique que parce qu'il livre des ébauches d'analyse et de lecture de l'oeuvre
Père de la sculpture moderne, Brancusi est aussi le prophète d'un art total, rigoureux, essentiel.
«(...) Cela ressemble davantage à la quille d'un navire, non?
- S'il était couché.
- Et un peu au croissant de la nouvelle lune?
- Oui.
- Si M. Brancusi l'avait appelé ''poisson", vous y verriez un poisson?
- S'il l'avait appelé poisson, je l'appellerais poisson.
- S'il l'avait appelé ''tigre", vous changeriez d'avis et vous considéreriez que c'est un tigre?
- Non.»
Ce dialogue n'est pas tiré d'une saynète surréaliste mais de l'interrogatoire d'un témoin au procès qui opposa Constantin Brancusi aux Etats-Unis en 1928. Objet du litige: la taxation des sculptures par les douanes américaines qui ne se résignaient pas à voir dans ces formes de métal poli, si éloignées des modèles offerts par la nature, des œuvres d'art authentiques. Dans l'interrogatoire précité, le sculpteur Jacob Epstein, un témoin de Brancusi, s'efforce de répondre au juge qui le questionne sur la «pièce à conviction n°1», à savoir L'oiseau dans l'espace, haute flamme fuselée en bronze poli.
Ces archives étonnantes du procès que publie Adam Biro témoignent du rôle pionnier que joue l'artiste roumain (naturalisé français en 1952) dans la sculpture moderne. Son œuvre déroute les institutions et rend caducs les critères esthétiques établis.
Indépendant, déterminé, exigeant, il n'aura vécu que pour sa sculpture. Enfant fugueur, né en 1876 dans un village paysan au pied des Carpates, il accomplira sa grande fugue à 28 ans, en 1904, une longue marche de plusieurs mois vers Paris. Et passera le plus clair de son temps dans l'atelier de l'impasse Ronsin à Montparnasse. A l'exception d'une période marquée par l'art nègre (1913-1922) mêlé d'influences dadaïste et cubiste, Brancusi poursuit sans souci des modes sa quête d'une sculpture dépouillée de l'anecdotique qui exprime l'essence des choses. Son art empreint de spiritualité tend vers une pureté originelle, une beauté intemporelle. Où l'archaïsme primitif rejoint l'extrême modernité.
Commencements du monde
Ce sont d'abord les bois qu'il travaille en taille directe - une technique oubliée -, la pierre, le marbre, puis les alliages de métaux qu'il polit longuement jusqu'à ce qu'ils renvoient l'éclat de la lumière comme des miroirs. Dans le choix de ses volumes, Brancusi revient sans cesse aux formes essentielles: cubes, ovoïdes, cylindres, pyramides. De même pour ses thèmes qu'il puise dans l'univers des origines, le poisson, l'oiseau, le visage humain, le nouveau-né, le commencement du monde... Le sculpteur explore et reprend les mêmes motifs pendant des années. De 1908 à sa mort en 1957, il créera ainsi une quarantaine d'oiseaux. Les premières versions, plus descriptives, évoquent les statues égyptiennes d'Horus, tandis que les dernières, comme «L'oiseau dans l'espace», expriment non plus l'oiseau mais l'idée de l'envol.