Shogun a écrit:quel sont les origine de la passions, est ce nessecaire a l'homme, et est ce que la luciditée ne nous empeche pas toute passion ?
non, elle n'est pas "nécessaire" à l'homme. si on prend le terme passion au sens strict. Si on en croit les philosophes classiques, elle serait même nocive. Donc, selon un bon nombre d'entre eux, oui, la lucidité est censée les éloigner des passions, qui sont ce qui mène l'homme de façon non raisonnablement mais selon ses désirs.
maintenant si on revient au plancher des vaches...
Comme Cariv, les seules personnes vraiment passionnées que j'ai connues étaient des hommes. Je ne saurais en tirer aucune conclusion, mais je fais la même observation. (évidemment, j'exclue comme tu le demandais la passion amoureuse)
Ce qui me fait penser que je ne suis pas passionnée, est qu'à une période de ma vie je me suis sentie passionnée par le cinéma et le théâtre. Je ne pouvais concevoir une semaine sans une répétition théâtrale et au moins une séance cinéma, avec toutes les lectures annexes que cela supposait dans mon esprit. Mais c'est une période où tout ce que je faisais me semblait nécessaire au bon fonctionnement de ma cage thoracique. Je ne pouvais pas respirer calmement si je n'avais pas un projet sur le feu.
Mais depuis un bon moment rien ne me brûle plus. L'intérêt pour pas mal de choses est revenu, ou revient peu à peu, mais la traversée du désert a duré plusieurs années, avec les mensonges à soi-même que cela suppose. J'ai continué à lire des livres en faisant comme si cela m'intéressait...mais rien de tout cela ne m'aurait manqué si je ne l'avais pas eu.
La passion, je la vois comme quelque chose qui vous consume. Je ne sais pas si elle est nécessaire, mais elle est en tous cas fascinante.
Pour ce qui est des miennes, je me suis aperçue que même si elles étaient liées au plaisir solitaire, elles avaient fini par être partagées (et par exemple le théâtre est nécessairement une aventure humaine). Et comme la plupart des relations humaines sont à terme décévantes, dès que l'on décide d'être lucide sur soi-même et les autres, on fait vite le ménage... Les passions sont parties avec l'eau de la vaisselle quoi!
Je ne crois pas qu'elles soient nécessaires à la vie, mais je pense que sans elles je ne sais pas où se situe la poésie, et que la vie n'a pas de goût sans ces brûlures là. Je ne pense pas que je serai de nouveau passionnée comme je pouvais l'être quand j'étais ado... mais je crois que l'intérêt revenant, je m'intéresse à de petites choses, qui me deviendront importantes, fussent-elles non passionnelles. Je pense que si j'ai plaisir à faire des photos, voyager, lire, chanter ou quoi que ce soit d'autre, au moins je me sentirai en vie.
Je n'ai pas d'orgueil vis à vis de ça, c'est très surfait la pose du "passionné", ça demande des renoncements que je ne suis pas prête à faire, mes plus belles passions sont humaines et amoureuses, et tant mieux. Il faudrait viser la solitude et l'acharnement, je ne vise qu'un bonheur simple à souhait, banal au possible (aux yeux des autres, du moins), et ça fait du bien.
Pour reprendre ton cas Shogun, je te dirais que je ne me considèrerais dans le meilleur des cas, non comme une passionnée de littérature (parce que je n'écris pas, entre autre, et que l'envie de publier ne me brûle pas), mais, de temps en temps, comme une lectrice passionnée par son bouquin et c'est déjà pas si mal. Je pense que pour la musique c'est pareil, c'est tellement vaste comme domaine, il y a ceux qui la font, ceux qui l'écoutent, ceux qui font les deux, et dans les trois cas, c'est un territoire vaste à souhait.
arf, trop long, et pô organisé au mieux. sorry shogun.