Après les heurts qui ont suivi le meurtre, dimanche, la police quadrille Perpignan.
«Maintenant, on va faire comme les gitans, on va s'armer»
Hier matin, la ville s'est réveillée sur un champ de bataille : vitrines explosées, une cinquantaine de voitures calcinées, rues noires des cendres de poubelles incendiées, camions de CRS garés par dizaines sur plusieurs axes de la ville... Dimanche, vers 19 heures, à l'annonce du meurtre d'un Français d'origine marocaine dans une rue de la vieille ville le deuxième meurtre après celui de Mohamed Bey Bachir, lynché par une bande de gitans une semaine auparavant , 120 CRS regroupés autour du quartier gitan n'ont pu empêcher 100 à 200 jeunes maghrébins survoltés de marcher sur la ville, saccageant tout sur leur passage. «Il faut comprendre l'exaspération de ces jeunes ! s'enflamme un retraité algérien. Samedi, nous avons exprimé notre douleur dans la dignité, sans aucune violence [lors d'une manifestation qui a rassemblé 4 000 personnes]. Et aujourd'hui, nous avons un deuxième mort, et plusieurs blessés. Nous ne nous sentons pas du tout protégés.»
Désert. Dans les rues du quartier arabe autour de place Cassanyes, un groupe de jeunes Maghrébins va beaucoup plus loin : «Maintenant, on va faire comme les gitans, on va s'armer. Et le pire est encore à venir !» Les gitans semblent avoir entendu la menace. Hier, pas une âme ne rodait dans les ruelles d'ordinaire si animées de Saint-Jacques. «En 24 heures, les hommes ont embarqué leurs femmes et leurs enfants, et ils sont tous partis», raconte Bruno, buraliste place Puig. Maria, une gitane de 60 ans, semble la seule à n'avoir pas déserté son appartement. «J'ai un fils handicapé, comment voulez-vous que je parte? Les autres, ils sont chez de la famille dans les villages aux alentours, ou encore en Espagne.»
Aucun enfant du quartier n'a été envoyé à l'école hier matin.
Pendant ce temps, le préfet, le maire, le commissaire principal et le procureur de la République multiplient les conférences de presse pour appeler en choeur au «retour à la cohabitation harmonieuse des communautés» et préciser éventuellement des éléments de l'enquête.
Concernant le meurtre de Mohamed Bey Bachir, lynché à coups de barres de fer par une bande de «dix à vingt» gitans (chiffres donnés par le procureur) le 22 mai au matin, au milieu de la foule du marché de la place Cassanyes, «la piste d'une rixe entre dealers, envisagée un temps, a été écartée», affirme Henri Castets, directeur de la sécurité publique du département.
Les cousins. Même si la victime et les auteurs présumés du crime étaient connus des services de police comme consommateurs et revendeurs occasionnels de drogue, le crime «n'est que l'enchaînement de circonstances ponctuelles», selon Castets : la victime se serait «mal adressée» à un jeune gitan de 14 ans baptisé «Ketch-up mayonnaise» par le quartier, qui serait allé chercher ses cousins. Mohamed aurait alors sorti un cutter et donné un coup sur la joue d'un de ses assaillants. La vue du sang de l'un des leurs aurait alors déchaîné la fureur des gitans. Deux jours après le meurtre, sept des coupables présumés ont été arrêtés. Les inspecteurs continuent de rechercher le reste de la bande et de recueillir le témoignage de dizaine de passants présents dans la rue.
Bout portant. Le second meurtre est plus obscur. Dimanche, vers 19 heures, un homme d'origine marocaine était assis devant sa porte, dans une rue de la vieille ville. Un homme s'approche, l'abat de quatre coups de revolver et s'engouffre dans une voiture. Un seul témoin aurait assisté au drame. Le meurtrier était-il gitan ? «Ce débat-là ne m'intéresse pas !, s'énerve Jean-Pierre Dreno, procureur au tribunal de Perpignan. De toutes les façons, nous ne connaissons pas l'identité de la victime.» Considérant le climat de haute tension qui règne à Perpignan, on peut imaginer que si les enquêteurs découvraient que le meurtrier est un gitan, ils essayeraient de n'en rien dire. Car la situation demeure explosive. Les Maghrébins de Perpignan ont déjà très mal pris les deux à six mois de prison ferme dont six d'entre eux avaient écopé pour avoir jeté des pierres sur les CRS lors des légers affrontements, la semaine dernière. Au cours de la nuit de dimanche à lundi, la police a arrêté 34 jeunes dans le centre-ville.
Hier soir, de nouveaux renforts étaient arrivés à Perpignan, faisant passer de 300 à un millier l'effectif des forces de l'ordre et transformant le centre-ville en forteresse assiégée.
«Maintenant, on va faire comme les gitans, on va s'armer»
Hier matin, la ville s'est réveillée sur un champ de bataille : vitrines explosées, une cinquantaine de voitures calcinées, rues noires des cendres de poubelles incendiées, camions de CRS garés par dizaines sur plusieurs axes de la ville... Dimanche, vers 19 heures, à l'annonce du meurtre d'un Français d'origine marocaine dans une rue de la vieille ville le deuxième meurtre après celui de Mohamed Bey Bachir, lynché par une bande de gitans une semaine auparavant , 120 CRS regroupés autour du quartier gitan n'ont pu empêcher 100 à 200 jeunes maghrébins survoltés de marcher sur la ville, saccageant tout sur leur passage. «Il faut comprendre l'exaspération de ces jeunes ! s'enflamme un retraité algérien. Samedi, nous avons exprimé notre douleur dans la dignité, sans aucune violence [lors d'une manifestation qui a rassemblé 4 000 personnes]. Et aujourd'hui, nous avons un deuxième mort, et plusieurs blessés. Nous ne nous sentons pas du tout protégés.»
Désert. Dans les rues du quartier arabe autour de place Cassanyes, un groupe de jeunes Maghrébins va beaucoup plus loin : «Maintenant, on va faire comme les gitans, on va s'armer. Et le pire est encore à venir !» Les gitans semblent avoir entendu la menace. Hier, pas une âme ne rodait dans les ruelles d'ordinaire si animées de Saint-Jacques. «En 24 heures, les hommes ont embarqué leurs femmes et leurs enfants, et ils sont tous partis», raconte Bruno, buraliste place Puig. Maria, une gitane de 60 ans, semble la seule à n'avoir pas déserté son appartement. «J'ai un fils handicapé, comment voulez-vous que je parte? Les autres, ils sont chez de la famille dans les villages aux alentours, ou encore en Espagne.»
Aucun enfant du quartier n'a été envoyé à l'école hier matin.
Pendant ce temps, le préfet, le maire, le commissaire principal et le procureur de la République multiplient les conférences de presse pour appeler en choeur au «retour à la cohabitation harmonieuse des communautés» et préciser éventuellement des éléments de l'enquête.
Concernant le meurtre de Mohamed Bey Bachir, lynché à coups de barres de fer par une bande de «dix à vingt» gitans (chiffres donnés par le procureur) le 22 mai au matin, au milieu de la foule du marché de la place Cassanyes, «la piste d'une rixe entre dealers, envisagée un temps, a été écartée», affirme Henri Castets, directeur de la sécurité publique du département.
Les cousins. Même si la victime et les auteurs présumés du crime étaient connus des services de police comme consommateurs et revendeurs occasionnels de drogue, le crime «n'est que l'enchaînement de circonstances ponctuelles», selon Castets : la victime se serait «mal adressée» à un jeune gitan de 14 ans baptisé «Ketch-up mayonnaise» par le quartier, qui serait allé chercher ses cousins. Mohamed aurait alors sorti un cutter et donné un coup sur la joue d'un de ses assaillants. La vue du sang de l'un des leurs aurait alors déchaîné la fureur des gitans. Deux jours après le meurtre, sept des coupables présumés ont été arrêtés. Les inspecteurs continuent de rechercher le reste de la bande et de recueillir le témoignage de dizaine de passants présents dans la rue.
Bout portant. Le second meurtre est plus obscur. Dimanche, vers 19 heures, un homme d'origine marocaine était assis devant sa porte, dans une rue de la vieille ville. Un homme s'approche, l'abat de quatre coups de revolver et s'engouffre dans une voiture. Un seul témoin aurait assisté au drame. Le meurtrier était-il gitan ? «Ce débat-là ne m'intéresse pas !, s'énerve Jean-Pierre Dreno, procureur au tribunal de Perpignan. De toutes les façons, nous ne connaissons pas l'identité de la victime.» Considérant le climat de haute tension qui règne à Perpignan, on peut imaginer que si les enquêteurs découvraient que le meurtrier est un gitan, ils essayeraient de n'en rien dire. Car la situation demeure explosive. Les Maghrébins de Perpignan ont déjà très mal pris les deux à six mois de prison ferme dont six d'entre eux avaient écopé pour avoir jeté des pierres sur les CRS lors des légers affrontements, la semaine dernière. Au cours de la nuit de dimanche à lundi, la police a arrêté 34 jeunes dans le centre-ville.
Hier soir, de nouveaux renforts étaient arrivés à Perpignan, faisant passer de 300 à un millier l'effectif des forces de l'ordre et transformant le centre-ville en forteresse assiégée.