Phillipe Muray a récemment écrit sur le phénomène de la mobilisation de tous les comités de soutien inimaginable autour de l'enlèvement de Florence Aubenas et de Hussein Announ. En résumé, il l'analyse comme un processus d'appropriation de la tragédie au service l'ordinaire...
Quelques extraits choisis:
Tant qu'il y avait un risque qu'elle ne revienne jamais, on ne pouvait rien dire. Maintenant que s'est heureusement terminée la détention de Florence Aubenas, il devrait être au moins possible d'examiner les tenants et les aboutissants de cette formidable « mobilisation » qui s'est organisée en France autour de son enlèvement et en faveur de sa libération.
(...)
D'un point de vue simplement rationnel, et pour user d'un euphémisme, on peut déjà constater que le lien entre des lâchers de ballons à Château-Thierry et le retour d'une journaliste détenue à Bagdad n'est pas évident. À moins qu'il ne rappelle celui qu'établit La Fontaine, dans sa Mouche du coche, entre la vaniteuse agitation d'une mouche et le désembourbement d'un attelage en difficulté. Pareillement, le rapport de cause à effet entre une « randonnée parisienne en rollers » et la libération de Florence Aubenas semble relever de la pensée magique.
(...)
En d'autres termes, ce qu'il convient d'emblée de dire c'est que pendant plus de cinq mois les membres des collectifs de soutien à Florence Aubenas se sont activés narcissiquement, s'offrant l'illusion de porter leur « amour » sur un autre objet qu'eux-mêmes, quand c'était bel et bien le spectacle qu'ils se donnaient qui les soulevait d'extase
(...)
Mais ce n'est encore là qu'une part superficielle du phénomène. Ce qu'il paraît bien plus intéressant de souligner c'est que l'époque, à travers le drame vécu par une jeune femme à des milliers de kilomètres de la France, a trouvé le moyen, comme toujours, de se célébrer elle-même sanctifier les, de renforcer et même de pires de ses activités ordinaires. Les maniaques à roulettes qui, chaque vendredi soir de cet hiver, se rassemblaient comme les oiseaux d'Hitchcock sur la dalle de Montparnasse et racontaient qu'ils ne se rassemblaient que pour qu'elle revienne grâce à eux, se seraient tout de même rassemblés chaque vendredi soir (...)Ce qu'ils gagnent au passage, c'est de pouvoir désormais croire et faire croire aux innombrables approuveurs de l'état actuel des choses que leurs propres rassemblements sont d'utilité publique ; et même qu'ils devraient au plus vite, puisqu'ils en ont si brillamment démontré la bienfaisance, devenir objets de vénération.
Le texte en intégralité: http://surlering.fr/article.php/id/4970
Quelques extraits choisis:
Tant qu'il y avait un risque qu'elle ne revienne jamais, on ne pouvait rien dire. Maintenant que s'est heureusement terminée la détention de Florence Aubenas, il devrait être au moins possible d'examiner les tenants et les aboutissants de cette formidable « mobilisation » qui s'est organisée en France autour de son enlèvement et en faveur de sa libération.
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D'un point de vue simplement rationnel, et pour user d'un euphémisme, on peut déjà constater que le lien entre des lâchers de ballons à Château-Thierry et le retour d'une journaliste détenue à Bagdad n'est pas évident. À moins qu'il ne rappelle celui qu'établit La Fontaine, dans sa Mouche du coche, entre la vaniteuse agitation d'une mouche et le désembourbement d'un attelage en difficulté. Pareillement, le rapport de cause à effet entre une « randonnée parisienne en rollers » et la libération de Florence Aubenas semble relever de la pensée magique.
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En d'autres termes, ce qu'il convient d'emblée de dire c'est que pendant plus de cinq mois les membres des collectifs de soutien à Florence Aubenas se sont activés narcissiquement, s'offrant l'illusion de porter leur « amour » sur un autre objet qu'eux-mêmes, quand c'était bel et bien le spectacle qu'ils se donnaient qui les soulevait d'extase
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Mais ce n'est encore là qu'une part superficielle du phénomène. Ce qu'il paraît bien plus intéressant de souligner c'est que l'époque, à travers le drame vécu par une jeune femme à des milliers de kilomètres de la France, a trouvé le moyen, comme toujours, de se célébrer elle-même sanctifier les, de renforcer et même de pires de ses activités ordinaires. Les maniaques à roulettes qui, chaque vendredi soir de cet hiver, se rassemblaient comme les oiseaux d'Hitchcock sur la dalle de Montparnasse et racontaient qu'ils ne se rassemblaient que pour qu'elle revienne grâce à eux, se seraient tout de même rassemblés chaque vendredi soir (...)Ce qu'ils gagnent au passage, c'est de pouvoir désormais croire et faire croire aux innombrables approuveurs de l'état actuel des choses que leurs propres rassemblements sont d'utilité publique ; et même qu'ils devraient au plus vite, puisqu'ils en ont si brillamment démontré la bienfaisance, devenir objets de vénération.
Le texte en intégralité: http://surlering.fr/article.php/id/4970