1823-24 - Seapiece offthe french coast - Bonington
1824-25 - Landscape near Quilleboeuf - Bonington - Huile sur toile, 42.5 x 53.4 cm - Yale Center for British Art
1824-25 - River scene in France - Bonington - Huile sur toile - Private collection
Dans l’œuvre «L'incendie du Parlement » de 1834, l’accent décisif est donné ici par le grand pont sur la Tamise qui occupe toute la moitié droite du tableau. Turner ne suit plus de règles en le construisant. La section de droite aux reflets blancs moirés semble dessinée en perspective parallèle, la section gauche, embrassée, fuit par contre au-delà de toutes mesures. Il serait sûrement vain de mesurer ce genre de perspective à la règle conventionnelle, si leur destruction formelle n’était pas une caractéristique significative de la lutte de Turner recherchant une forme entièrement nouvelle pour reproduire l’espace. On constate ici – et dans d’autres compositions de Turner – que l’unité de l’image n’est absolument plus le produit d’une illusion spatiale systématique. Cette peinture est cependant aussi symptomatique sous d’autres aspects à cause de sa composition inhabituelle et des circonstances spectaculaires qui l’ont engendrée. Turner lui-même a assisté d’un bateau à la catastrophe. Au-dessus du fleuve constellé d’embarcations où se reflète le brasier, le Parlement nous est montré en flammes claires qui embrasent le ciel. La lueur de l’incendie s’étale vers la droite, au-dessus du pont. Derrière lui passent des colonnes de fumée blanc-gris. Un petit morceau du ciel nocturne n’est visible qu’en haut à droite. A l’avant se présentent des groupes compacts. Les gens se sont aussi rassemblés sur le pont. La scène a un effet très convaincant. La chaleur presque perceptible du brasier à gauche se détache distinctement des murs blafards du pont. Les flammes vacillantes et la fumée noire qui les accompagne forment également un contraste net – et agité. Les gens qui se déplacent dans des directions diverses ont aussi un effet d’agitation. Les bateaux, seulement ébauchés, glissent sous l’arche du pont, se rassemblent, se dispersent. La voûte blanche et fixe du pont et le bleu calme au-dessus d’elle accentuent l’effet dramatique des mouvements des masses et du changement éruptif de l’éclairage. Le pont lui-même plane, fantomatique et diaphane, d’une part parce que – comme nous l’avons vu plus haut – une représentation fixe de l’espace ne se crée pas, d’autre part parce qu’il se fond doucement avec son environnement.
Ce principe est également valable pour les autres détails. Ils ne se détachent que partiellement du contexte unificateur qui se déploie sur le tableau – quelques têtes, une lanterne, la proue d’un navire. C’est à l’imagination du spectateur qu’il revient d’isoler les objets de leur contexte, tout comme il lui revient de les placer à un endroit précis. Si l’on juge la reproduction, il manque aux figures et aux objets, toutefois encore partiellement identifiables dans la scène représentée, toute forme de fixation spatiale. On note que le démantèlement de la construction en perspective remarqué plus haut n’est pas un hasard isolé mais un cas particulier d’une abolition générale pour le tableau des caractères obligatoires des catégories de reproduction spatiale. Toute l’objectivité présentée est perçue consciemment sous une forme qui rend impossible la moindre représentation spatiale. Un tel détachement des choses de leur faculté de fixation spatiale se révèle en outre ici n’être pas seulement un problème du monde à reproduire, auquel ces choses appartiennent. Le principe d’une composition fermée est lui-même remis en question. L’unité du tableau formée transitoirement dans chaque partie ne laisse plus elle-même concevoir comme quelque chose de concret.
Extrait du "monde de la lumière et des couleurs" de Michael Bockemühl"
En ce qui concerne la toile « L'incendie des Chambres des Lords et de la chambre des Communes le 16 octobre 1834 », on ne trouve pas de « pendant » ni à la partie jaune vif du bâtiment en flammes ni à la partie blanche remplissant la surface du pont. On peut expérimenter et recouvrir les parties concernées de la toile, à l’occasion de quoi la verticale du pilier central du pont – là où la partie éclairée en jaune clair voisine avec la partie blafarde – est à rallonger en ligne de partage vers le haut et vers le bas. Si on recouvre ainsi le côté droit du tableau, on remarque que la gauche peut vraiment être considéré comme une composition complète en soi, au format vertical. La Partie éclaircie près du pont serait confrontée à la zone claire de l’incendie et son contour s’élevant vers la droite pourrait correspondre aux lignes des nuages de fumée qui montent également vers la droite ; la masse sombre de la foule, en bas à gauche, serait à rapporter au sombre nuage de fumée, etc… L’autre côté, pris séparément, est privé de toute correspondance. La vaste surface du pont tend à s’isoler. L’arc largement ouvert vers le haut que crée la ligne de la rive au bord inférieur de la toile doit être considéré comme l’unique mesure prise pour, selon les conventions traditionnelles, relier des parties de tableau sans rapports l’une avec l’autre. Cette ligne arquée se laisse de plus poursuivre vers la gauche. Elle mène en haut dans le bord gauche du tableau et se dirige ensuite, à mi-hauteur de la toile, vers la partie jaune du pont. Les assombrissements en forme d’îles des bateaux sur l’eau sont ainsi entourés – mais la zone supérieure du tableau n’en est pas pour autant intégrée de manière évidente.
Ces indications devraient suffire pour faire comprendre que la surface de la toile n’apparaît pas organisé dans un style expressif fermé. Ceci aussi c’était préparé dans l’œuvre de Turner. On pourrait en ce sens songer aussi à la peinture bizarre qu’il avait conçu pour la collection d’objet rare de l’architecte John Soane. Elle est remplie de fragments isolés et de vues sur des bâtiments, le tout recouvert d’une voûte en arc. Une impression spatiale concluante et simplement rendu impossible. Turner, contrecarrant ainsi la consolidation de valeur représentative avec ce tableau, a dû être assez provoquant. Car cela signifie qu’il commencer à rejeter la tendance générale à la reproduction, déjà citée ici, qui introduisit l’époque du réalisme et de la photographie. L’abolition des cohérences dans la structure compositionnelle, évidentes au niveau de l’image, signifié par contre en même temps un éloignement de toutes les traditions artistiques.
Extrait du "monde de la lumière et des couleurs" de Michael Bockemühl"
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