Mara a écrit: Prométhée a écrit:Par contre j'avais était deçu de la nouvelle traitant de Giufà (personnage appartennant à la tradition populaire sicilienne), car je trouvais que l'on avais perdu le coté populaire et orateur, et que finalement çela hotait toute la dimension orignal et principalement le caractère des aventures de Giufà.
Cette nouvelle en particulier m'a interpelée, car le style diffère de beaucoup des autres nouvelles. Je me suis sentie un peu comme devant certains passages des films de Miyazaki : dépossédée d'une grande capacité de compréhension par manque de repères culturels. On sent bien que l'on attaque là un pan important de ce que doit être l'esprit d'un lieu, à travers ses mythes, ces historiettes qui n'ont l'air de rien mais qui créent du lien entre les hommes et la terre, entre les hommes tout court. On sent le point d'achoppement mais le plaisir est manqué parce que l'on n'a pas les clefs.
Concernant cette nouvelle, j'ai pensé, aussi, comme pour toutes les oeuvres traduites mais cela se ressent plus fortement encore dans ce genre de cas, que l'on ne doit pouvoir savourer réellement ce texte qu'en le traversant dans sa langue : la traduction a ses limites. C'est une évidence, mais ce genre de texte nous le rappelle.
Donc, en effet, cette nouvelle m'est restée assez enigmatique, elle laisse sur sa faim.
On est parfaitement d'accord, diffcile de comprendre un conte, qui le cas échéant est une nouvelle, lorsque que le personnage principal, qui fait partie fait partie de la tradition culturelle du lieu, réapparait systématiquement dans les différentes histoires avec des traits et des codes qui permettent de l'identifier, traits et codes qui ne te sont pas données, et qui par conséquence te sont insaissisables. Quelques explications préalables auraient été juticieuses, pour le lecteur non initié aux traditions populaires siciliennes.
Au niveau de la langue Sciascia en choississant logiquement (pour des raisons pratiques évidantes) l'italien se met en meme temps en difficulté puisque les histoires de Giufà, dans la tradition siciliennes, se raconte en sicilien.
Cette nouvelle m'avait paru obscure à l'époque où je l'avais lu, il faudrait que je la relisse.
Je profite de ce post pour t'envoyer, au cas ou cela t'intéresserais, deux trois contes de Giufà:
Giufà et le jugeUn matin , Giufà va ramasser de l’herbe et quand il fait le retour au pays , la nuit est déjà tombée . Pendant qu’il marche , la lune courrait parmi les nuages :tantôt visible , tantôt cachée . Giufà s ‘assied sur une pierre et il regarde la lune courir , tantôt visible , tantôt cachée , et lui lançait tantôt : « Sors , sors donc », tantôt : «Cache toi , cache toi » et c’était sans discontinuer : « Sors-donc ! Cache toi ! » .Il y avait là , à proximité , deux voleurs qui étaient en train de dépecer un veau qu’ils avaient volé , quand ils entendent : « Sors !» et : « Cache-toi ! » , ils prennent peur , des fois que ce soit la justice . Ils bondissent et lèvent le pied , et laissent là le veau volé . En entendant les pas précipités des voleurs , Giufà va voir ce qu’il y a et il trouve le veau dépecé : il saisit son couteau et entreprend lui-même de couper dedans , il emplit son sacs et il s’en va .Une fois à la maison : « Maman ouvre-moi . – Est ce que c’est une heure pour rentrer ? dit la mère .-La nuit est tombée pendant que je portais cette viande . Il faut que demain vous me vendiez tout cela , j’ai besoin de cet argent ». Et sa mère : « Demain tu retourneras à la campagne et moi , je vendrai ta viande ». Le soir du lendemain , quand Giufà revient , il demande à sa mère : « Vous l’avez vendue , ma viande ? –Oui je l’ai vendue à crédit aux mouches . Et elles vont payer quand ? –Dés qu’elles auront de quoi payer ». Pendant huit jours , Giufà attendit que les mouches que les mouches lui apportent ce qu’elles lui devaient . Voyant qu’elle n’en faisait rien , il se rendit chez le juge . « Monsieur le juge , je veux que l’on me rende justice . J’ai donné la viande à crédit aux mouches et elles ne m’ont pas payées ». Le juge lui dit : « Voici mon verdict : dés que tu verras une mouche , tu es autorisé à la tuer ». Et c’est juste le moment ou une mouche va se poser sur le nez du juge , et Giufà de lui assener un coup de poing propre à le mettre en bouillie .
Giufà et ses chers vêtementsSot comme il était , personne ne s’avisait d’avoir à l’égard de Giufà un geste comme de l’inviter et de lui dire : « Servez-vous donc . » . Une fois , il va dans une ferme , voir si on lui donne quelque chose , mais dès qu’on le voit mal accoutré comme il est , on lui envoie les chiens dessus . Alors sa mère lui procure une belle houppelande , un pantalon et jusqu’à un gilet de velours . Vêtu donc comme un monsieur , Giufà retourne à la même ferme . On lui accueil et on l’invite à prendre place à leur table , puis on le couvre de compliments . Quand on lui apporte les aliments , Giufà , d’une main , se nourrissait , de l’autre il se remplissait les poches et pochettes , et même son chapeau , et il disait : « Mangez , Mangez donc , chers vêtements , c’est vous qui êtes invités , pas moi ! ».
Giufà et la statue de plâtreIl était une maman qui avait un fils sot, paresseux et mariolle. Il se nommait Giufà . La mère, qui était pauvre, possédait une pièce de toile, et dit àGiufà : « prends cette toile, et va la vendre, mais si tu tombes sur un bavard, ne lui donnes rien du tout. Tu ne l’as donneras qu’à quelqu’un de pas bavard ».Giufà prend la toile et s’en va crier par le pays : « qui achète la toile ? » . Une femme l’arrête et lui dit : « montre-la-moi » . Elle regarde la toile, puis demande : «combien en veux-tu ? –Tu bavardes trop , dit Giufà, ma mère ne veut pas la vendre à des gens bavards » , et il s’en va. Il tombe sur un paysan : «combien en veux-tu ?-dix écus. – non c’est trop ! –bavardez, bavardez : je ne vous vends rien du tout ». Ainsi , tout ceux qui l’appelaient ou s’approchaient de lui , il trouvait qu’ils parlaient trop et il ne voulait vendre la pièce à personne . Il marche et marche , puis passe dans une cour .Au milieu de la cour , il y avait une statue en plâtre , et Giufà lui dit : « tu veux acheter cette toile ? » .Il attend un moment , puis répète : « tu veux l ‘acheter, cette toile ? ».Voyant que nulle réponse ne vient : « oh ! J’ai enfin trouvé quelqu’un qui ne parle pas trop ! Cette fois-ci je lui vendrai la toile ». Et il déroule la pièce tout autour de la statue . « C’est dix écus . D’accord ? Je passerais demain pour prendre l’argent . » et il s’en va .Dès que sa mère le voit , elle lui demande ce qu’il en est de la toile . « Je l’ai vendu .-et l’argent ?-j’irai le chercher demain .-mais c’est quelqu’un en qui on peut avoir confiance ? –c’est justement une femme comme tu le souhaitais : figure-toi qu’elle ne m’a pas dit un mot. » . Le lendemain Giufà va donc chercher l’argent . Il trouve bien la statue , mais le tissu n’est plus là . Giufà dit : « paie-moi donc. ». Et comme il ne recevait point de réponse , il se mettait petit à petit en colère . « Ma toile , tu l’as bien prise , et maintenant tu ne veux pas me la payer ? Eh bien , tu vas voir ! ». Il prend une pioche et en assène un coup à la statue , la réduisant en morceaux . Or à l’intérieur de la statue , il y avait une marmite pleine d’or . Giufà les met dans son sac et retourne chez sa mère : « maman , elle ne voulait pas me donner l’argent , je l’ai corrigée avec une pioche et elle m’a donné ceci .» . La mère perspicace , saisi ce qu’il en est , lui dit : « donne-moi cet argent et surtout n’en souffle mot à personne . » .