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    La raison du plus faible

    Maldoror
    Maldoror
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    La raison du plus faible Empty La raison du plus faible

    Message par Maldoror Jeu 8 Juin - 16:37

    http://lecrachoir.blogspot.com/

    J’ai assisté hier à un spectacle ludique autant qu’instructif sur la perception de la démocratie par une certaine jeunesse contestataire sûre d’elle même et de ses idées, à la réjouissante opposition entre les forces de l’ordre et la faiblesse de la parole.
    Dans le cadre de la Commission du débat national « Université – Emploi », une journée débat était organisée à l’Université Paul Cézanne à Aix en Provence autour du thème « L'orientation, l'information et l'insertion professionnelle ».
    C’est à cette occasion qu’une trentaine de jeunes, armés de la seule force de leurs convictions, ont entrepris de participer à ce débat en milieu d’après-midi, leur contribution à celui-ci reposant au final sur la volonté de l’abréger . Car ces jeunes amoureux de la démocratie, dont ils découvrent visiblement à peine les principes, ont considéré que ce débat représentait une intolérable collusion entre l’Université et l’Entreprise, dont il craigne qu’elle aboutisse à la suppression de l’étude des matières à priori les moins productives.
    A considérer le thème abordé par cette journée débat, on peut raisonnablement s’interroger sur la pertinence d’une telle considération. Car si le simple fait d’évoquer les perspectives professionnelles au sein même de l’Université (accessoirement censée dispenser les connaissances nécessaires à entrer dans la vie active) doit être considéré comme une hérésie libérale, il va sans dire que c’est bientôt la possibilité même d’appréhender l’Université autrement que comme un sanctuaire qui sera dénié et combattu.
    N’en déplaise aux contestataires, l’Université n’est pas un lieu étranger à la société, son indépendance n’est pas synonyme d’autarcie, raison pour laquelle l’Université peut mieux que toute autre institution rencontrer l’Entreprise sans perdre son âme.
    Pourtant, c’est à partir de cette considération qu’une trentaine de contestataires se sont crus en droit de venir « faire la claque » dans un débat d’idées, persuadés d’œuvrer pour le bien commun en empêchant l’échange de point de vue. A la pertinence des arguments, ils ont privilégié la force de leur conviction, ils ont pris le parti de la manifestation sonore plutôt que de la discussion.
    Ce à quoi le président de l’Université a apporté la réponse la plus légitime qui soit, en faisant appel aux forces de l’ordre pour expulser les perturbateurs, tâche dont les dites forces se sont acquittées avec un professionnalisme à mon sens inégal. En effet, de ce que j’ai pu en voir, certains représentants de l’ordre ont dispensé des coups de matraques avec une générosité parfois disproportionnée, à mon sens, face à la résistance des manifestants ou du moins vis-à-vis des réelles aptitudes de ces derniers à la résistance. Le réflexe technologique aidant, de nombreux étudiants ont filmé la scène avec leur téléphone portable, il sera donc aisé de déterminer dans quelle mesure l’intensité de cette répression a été ou non justifiée.
    Mais le plus intéressant est de mon seul avis le dénouement immédiat de ce que fut cet événement consternant. Une fois expulsés de l’enceinte de l’Université, ces manifestants, ceux là même qui étaient venus à seule fin d’interrompre l’échange démocratique de la parole, ont hurlé au fascisme, fustigé les étudiants en droit présents de ne les avoir pas soutenu dans l’affrontement contre les forces de l’ordre, et pour finir invoqué… le droit à la liberté d’expression !
    Ce qu’on peut retenir de cette histoire, qui est à mon avis appelée à se reproduire sous diverses formes et pour des causes tout aussi affligeantes pour les esprits lucides, c’est que l’homme n’est pas fait pour penser en meute.
    Car ces manifestants, mal informés ou trop bien manipulés, ont entrepris d’interrompre un débat, non pas pour sa dangerosité vis-à-vis de la démocratie et les valeurs républicaines, mais parce que celui-ci heurtait leurs préjugés. Avant même de débattre, ils ont entrepris d’imposer leurs craintes et leur idéologie en exigeant le silence d’autrui. Ils ont exigé l’allégeance comme préalable à la liberté d’expression.
    Et nul doute que la cuisante expérience de la démocratie que ces manifestants ont fait hier ne fera que les renforcer dans leur position, parce qu’ils ont obtenu quelque chose d’inestimable dans cette République : en se faisant rosser par les forces de l’ordre, ils sont passés de l’état d’agresseur à la condition de victime. Cette transfiguration inespérée les affranchit d’autant plus de la nécessité de recourir à la parole démocratique plutôt qu’à l’éructation juvénile, puisque l’époque leur a enseigné que celui a qui l’on cause du tort a naturellement raison.

    Morale de l’histoire, il est démocratiquement prouvé que la raison de plus faible est inévitablement appelé à l’emporter sur son intelligence.

      La date/heure actuelle est Ven 19 Avr - 18:20

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