Télérama n°2964 rubrique courrier a écrit:BiG BROTHER
Le site d'une pseudo-association de parents d'élèves propose d'"envoyer un courriel pour donner le nom du manuel de lecture de leur enfant, ainsi que le nom de l'école où il est scolarisé. Tous les témoignages de parents, qui resteront anonymes, nous permettront d'apporter au ministre de l'éducation, Gilles de Robien, des informations précises et concrètes sur la non-application de la réforme sur le terrain". Et effectivement, des publicités incitant à la délation ont été publiées dans différents quotidiens régionaux. A quand les caméras dans les classes? Ceci est une atteinte à notre profession, et également, ce qui est plus grave, un coup porté aux relations de confiance entre parents et enseignants. Je débute dans un métier que j'adore, mais là, je suis atterrée....Christelle Lecoeur (Arles)
Interpellé par ce courrier, j’ai voulu vérifier si ce qui était dénoncé était vérifiable. Et je suis tombé sur cette article du nouvel Obs.com publié le jeudi 19 octobre 2006 :
Nouvel Obs.com du 19 octobre 2006, Une pétition contre "l'autoritarisme" de Robien a écrit:Délation ?
Par ailleurs, l'association SOS Education s'est défendue jeudi de vouloir "dénoncer quiconque auprès du ministère de l'Education" en lançant dans la presse une campagne incitant les parents à lui téléphoner si leur enfant n'apprend pas à lire avec la méthode syllabique.
"SOS Education mène campagne pour informer et conseiller les parents de façon indépendante sur la méthode de lecture de leurs enfants et il n'a jamais été question de dénoncer quiconque auprès du ministère de l'Education", a expliqué l'association conservatrice dans un communiqué.
"Les actions menées par SOS Education auprès des parents sont un acte de civisme", a-t-elle ajouté.
L'association a publié vendredi dans trois quotidiens régionaux un encart publicitaire affirmant: "si votre enfant est en CP, il a plus de neuf chances sur dix d'être en train d'apprendre à lire avec la méthode semi-globale. Pour réagir, vérifiez le nom du manuel de votre enfant et appelez vite SOS Education au 01 45 81 22 67".
"Votre témoignage, qui restera anonyme, nous permettra d'apporter au ministre de l'Education Gilles de Robien des informations précises et concrètes sur la non-application de la réforme sur le terrain", affirmait encore cet encart.
Cette campagne a fait bondir les syndicats qui ont évoqué un "appel à la délation". (avec AP)
« l’intégralité de l’article»
Ayant trouvé le nom de cette association je suis allé voir ce qu’était et ce que défendait exactement cette association sur leur site : http://www.soseducation.com
Sur la page d’accueille ont trouve une rubrique «ALERTEZ-NOUS» sur laquelle on peut lire :
"Vous observez ou subissez une situation que vous jugez anormale dans votre établissement ou celui de vos enfants, informez-nous ! Vous ne savez pas comment réagir face à une situation que vous subissez, nous pouvons aider ! Faites-nous part des problèmes que vous rencontrez ! Atteintes à la neutralité de l’école, à la liberté d’opinion et de conscience, au droit d’étudier. Méthodes ou livres inadaptés. Injustices, actes de violence… ALERTEZ-NOUS ! Déposez votre témoignage, nous réagirons !"
A noter également parmis les différents articles de ce site, celui du 29 septembre 2006, qui permet de mieux comprendre les orientations du ministre de l'éducation, ainsi que celle de l'association en question :
Carte scolaire : Nicolas Sarkozy veut « lever le tabou » sur l’éducation
"On a levé un tabou sur la prévention de la délinquance, il faudra lever le même tabou sur l'éducation", déclare Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et de l'aménagement du territoire, en clôture de la "VIème conférence des villes" organisées par l'AMGVF (Association des maires des grandes villes de France), présidée par Jean-Marie Bockel, maire PS de Mulhouse (L'AEF du 06/09/2006). Le ministre, qui se félicite que le projet de loi de prévention de la délinquance en débat au Parlement (L'AEF du 22/09/2006) donne aux maires davantage de pouvoir en matière de coordination de la prévention de la délinquance, plaide pour la suppression de la carte scolaire. Lors de cette conférence, les maires des grandes villes ont rendu public "un manifeste" à l'attention, en particulier, des futurs candidats à l'élection présidentielle. L'une de leurs dix propositions consiste à "favoriser l'égalité des chances par la redéfinition de la carte scolaire à une échelle de territoire pertinent".
"S'il y a bien une question qui se pose en permanence aux maires, c'est bien celle de l'enseignement", estime Nicolas Sarkozy: "Quand quelqu'un veut changer de secteur (...), même pour un collège, ce n'est pas au conseil général qu'il va, mais à la mairie." Pourquoi l'enseignement public devrait-il être soumis à la carte scolaire, alors que l'enseignement privé sous contrat ne l'est pas? "Pourquoi, alors que ce sont les mêmes enfants, les mêmes enseignants, le même employeur, les mêmes programmes?" 30% des enfants ne sont pas dans leur établissement de référence, assure le ministre. "Y a-t-il un [autre] pays en Europe où existe une carte scolaire?" La carte scolaire en France a-t-elle empêché le développement des inégalités? demande-t-il aussi.
La suppression de la carte scolaire n'est pas "un préalable", mais "un point d'arrivée" pour ce qui concerne la "démocratisation de l'enseignement". Celle-ci consiste "à élever les exigences" et non à "niveler par le bas". Pour répondre à cette préoccupation, il faut "poser, avec le maire, la question" suivante: fait-on "confiance aux enseignants? [Ne peut-on pas] donner un peu plus d'autonomie aux établissements? Pourquoi tout le monde [devrait-il] faire la même chose, le même jour, à la même heure pour des gosses différents?" Les familles devraient pouvoir se dire: " 'dans la ville que j'ai choisie, il y a un établissement qui correspond aux spécificités de mon enfant' (...). Avec les maires, il faut se dire que la qualité de la vie est aussi fonction de la qualité de l'enseignement", insiste le ministre.
Par ailleurs, l'autonomie des établissements doit s'accompagner de leur évaluation, à laquelle les maires seraient "associés". "Aujourd'hui, il n'y a pas d'évaluation". C'est souvent "la rumeur", qui en tient lieu, déclare Nicolas Sarkozy. Il faudrait aussi de la discrimination positive, "pour donner plus à celui qui a moins".
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