Shigeru Mizuki
Au pays des fantômes
Surprise ! Le dernier festival d’Angoulême a décerné le prix du meilleur album au manga Non Non Bâ publié aux éditions Cornélius… L’auteur de ce chef d’œuvre s’appelle Shigeru Mizuki. Portrait.
Mizuki shigeru de son vrai nom Mura Shigeru est né le 8 mars 1922 à SakaiMinato, une petite ville côtière du sud-ouets du Japon. Il connaît là une enfance libre et heureuse, période faste dont il s’inspirera à de nombreuses reprises pour ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents.
Il a à peine 20 ans lorsque la guerre vient interrompre le cours normal de sa vie. Il est enrôlé dans l’armée impériale japonaise et est envoyé en Nouvelle Guinée où il vivra un véritable cauchemar : malaria, mort de ses camarades, et perte de son bras gauche dans un bombardement. Prisonnier jusqu’à la fin de la guerre, il nouera des liens d’amitié avec les membres d’une tribu locale, ce qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie.
De retour dans son pays, il apprend à dessiner de la main droite et fait ses débuts de dessinateur à l’âge de 35 ans avec Rocket man et prend vite ses distances avec l’école du maître incontesté du manga : Osamu Tezuka. Très tôt Mizuki Shigeru s’intéresse aux histoires de fantômes qui hantent l’imaginaire de son peuple. Fin connaisseur de yôkai (terme désignant les créatures du bestiaires médiéval japonais, incluant animaux, monstres et autres êtres surnaturels), ses œuvres n’auront de cesse d’explorer l’âme humaine. Que ce soit dans la série emblématique GeGeGe no Kitarô ou dans les encyclopédies qu’il a publiées sur le sujet, celui qui est aujourd’hui président de la Sekai Yôkai Kyôkai (association mondiale pour les Yôkai) s’est attaché durant toute sa carrière à prolonger à sa manière le travail de Toriyama Sekien (1712 – 1788) qui avait réalisé une encyclopédie en quatre volumes consacrée aux êtres surnaturels du Japon.
Non Non Bâ
Les éditions Cornélius, connues pour la qualité éditoriale de leurs albums, ont été les premiers à publier en France l’œuvre de Shigeru Mizuki. Non Non Bâ, dont la traduction littérale est « Mamie Non-Non » est un récit largement autobiographique inspiré de l’enfance de l’auteur qui laisse découvrir la construction de l’imaginaire de Mizuki Shigeru, sur fond de japon d’avant guerre.
Nous sommes au début des années 1930, dans une petite ville de la côte ouest du Japon. NonNonBâ, une vielle dame mystique et superstitieuse, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. Encyclopédie vivante des croyances et légendes populaires de la région, elle abreuve l’imaginaire déjà débordant du garçon d’histoires de monstres et de fantômes.
Les Yôkaï, ces créatures surnaturelles qui peuplent l’univers des hommes, deviennent vite les compagnons de rêveries quotidiens de Shigeru, qui trouve en eux d’excellents guides pour visiter les mondes invisibles. Si ces voyages l’aident à fuir et à comprendre les émotions parfois compliquées qui naissent dans son cœur, ils embrouillent aussi considérablement sa vie quotidienne : il est déjà bien assez difficile de savoir à qui se fier sans que des monstres bizarres et malicieux viennent s’en mêler...
En conjuguant le ton de la chronique et les ambiances fantastiques qui ont fait sa réputation depuis Kitaro (à paraître en 2007 chez Cornélius), Shigeru Mizuki livre avec NonNonBâ une œuvre aussi simple qu’exigeante.
S’inspirant des jours heureux de son enfance, il écrit la partition universelle du temps qui passe, du bonheur éphémère et de l’urgence de vivre, laissant à ses lecteurs le souvenir impérissable des rivages de Sakai-minato et réveillant pour chacun d’eux les accords précieux des nostalgies les plus intimes.
Source : BDCAF’mag n°12 Mars Avril 2007
Lien : http://www.leseditionsducafe.com
Au pays des fantômes
Surprise ! Le dernier festival d’Angoulême a décerné le prix du meilleur album au manga Non Non Bâ publié aux éditions Cornélius… L’auteur de ce chef d’œuvre s’appelle Shigeru Mizuki. Portrait.
Mizuki shigeru de son vrai nom Mura Shigeru est né le 8 mars 1922 à SakaiMinato, une petite ville côtière du sud-ouets du Japon. Il connaît là une enfance libre et heureuse, période faste dont il s’inspirera à de nombreuses reprises pour ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents.
Il a à peine 20 ans lorsque la guerre vient interrompre le cours normal de sa vie. Il est enrôlé dans l’armée impériale japonaise et est envoyé en Nouvelle Guinée où il vivra un véritable cauchemar : malaria, mort de ses camarades, et perte de son bras gauche dans un bombardement. Prisonnier jusqu’à la fin de la guerre, il nouera des liens d’amitié avec les membres d’une tribu locale, ce qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie.
De retour dans son pays, il apprend à dessiner de la main droite et fait ses débuts de dessinateur à l’âge de 35 ans avec Rocket man et prend vite ses distances avec l’école du maître incontesté du manga : Osamu Tezuka. Très tôt Mizuki Shigeru s’intéresse aux histoires de fantômes qui hantent l’imaginaire de son peuple. Fin connaisseur de yôkai (terme désignant les créatures du bestiaires médiéval japonais, incluant animaux, monstres et autres êtres surnaturels), ses œuvres n’auront de cesse d’explorer l’âme humaine. Que ce soit dans la série emblématique GeGeGe no Kitarô ou dans les encyclopédies qu’il a publiées sur le sujet, celui qui est aujourd’hui président de la Sekai Yôkai Kyôkai (association mondiale pour les Yôkai) s’est attaché durant toute sa carrière à prolonger à sa manière le travail de Toriyama Sekien (1712 – 1788) qui avait réalisé une encyclopédie en quatre volumes consacrée aux êtres surnaturels du Japon.
Non Non Bâ
Les éditions Cornélius, connues pour la qualité éditoriale de leurs albums, ont été les premiers à publier en France l’œuvre de Shigeru Mizuki. Non Non Bâ, dont la traduction littérale est « Mamie Non-Non » est un récit largement autobiographique inspiré de l’enfance de l’auteur qui laisse découvrir la construction de l’imaginaire de Mizuki Shigeru, sur fond de japon d’avant guerre.
Nous sommes au début des années 1930, dans une petite ville de la côte ouest du Japon. NonNonBâ, une vielle dame mystique et superstitieuse, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. Encyclopédie vivante des croyances et légendes populaires de la région, elle abreuve l’imaginaire déjà débordant du garçon d’histoires de monstres et de fantômes.
Les Yôkaï, ces créatures surnaturelles qui peuplent l’univers des hommes, deviennent vite les compagnons de rêveries quotidiens de Shigeru, qui trouve en eux d’excellents guides pour visiter les mondes invisibles. Si ces voyages l’aident à fuir et à comprendre les émotions parfois compliquées qui naissent dans son cœur, ils embrouillent aussi considérablement sa vie quotidienne : il est déjà bien assez difficile de savoir à qui se fier sans que des monstres bizarres et malicieux viennent s’en mêler...
En conjuguant le ton de la chronique et les ambiances fantastiques qui ont fait sa réputation depuis Kitaro (à paraître en 2007 chez Cornélius), Shigeru Mizuki livre avec NonNonBâ une œuvre aussi simple qu’exigeante.
S’inspirant des jours heureux de son enfance, il écrit la partition universelle du temps qui passe, du bonheur éphémère et de l’urgence de vivre, laissant à ses lecteurs le souvenir impérissable des rivages de Sakai-minato et réveillant pour chacun d’eux les accords précieux des nostalgies les plus intimes.
Source : BDCAF’mag n°12 Mars Avril 2007
Lien : http://www.leseditionsducafe.com