Décidé à profiter au maximum de mes moyens et de ma disponibilité, du Nice Jazz Festival, j’ai cette année pu assister à trois des soirée sur les quatre susceptibles de m’intéresser.
La première soirée fut celle du jeudi 19 Juillet, dont l’intitulé était « 40 bougies Funky» . J’avais marqué cette soirée au fer rouge en raison de la présence de Marcus Miller. Le fait est que ce soir là il y avait également Sly & The Family Stone, qui éveillait en moi quelque souvenir de jeunesse (non pas que j’eus vingt à la fin des années soixante, mais une écoute intensive de West Coast et de G-funk, m’a plongée dans les méandres du funk), et aiguisé ma curiosité.
Arrivée au festival 20h15, le temps de déguster un pan bagnat et de siroter une petite bière. 21H, les choses sérieuses commence, début du concert de Marcus. Formation en sextet, composée d’un sax, d’une trompette, d’un clavier, d’un harmonica, d’une batterie, et bien sur d’une bass. Les musiciens commencent à envoyer les premières notes, Marcus arrive sur scène à la cool, vêtue d’une chemise blanche, d’un jeans et de son habituel chapeau. Il nous salue d’un signe de la main et esquisse un sourire décontracté. En mélangeant subtilement des morceaux récents, comme des « classiques » comme Run For Cover, ou Jean-Pierre en hommage à Miles Davis, Marcus Miller et sa bande nous ont gratifié d’un concert de haute voltige, avec des pics jubilatoires en duo et en solo lors des chorus. Pour finir en beauté, lors du rappel, nous avons eu droit à « Tutu ». Un magnifique concert, avec un protagoniste à la sympathie communicative, qui a su bien s’entourer, et qui toute la soirée c’est exprimé en français, ce qui est vraiment un plus.
Aux alentours de 23h30, avec plus d’une demi heure de retards, en raison du guitariste de la Family Stone, désireux de régler un à un les instruments, en se plaignant continuellement du résultat obtenue à la technique. Bref un début de concert loin d’être idéal, des musiciens, au public, en passant par la technique, tout le monde était un peu sur les nerfs. Le concert débute enfin, les esprits s’apaisent peu à peu. Le premier morceau, se fait sans Sly, ce qui malgré l’âge avancé de ce dernier, interpelle un peu tout le monde. Le second morceau débute alors, Sly fait finalement sont entré, habits flashis, allure courbée, et démarche difficile. Il s’assoit tant bien que mal à son clavier, et commence à entonner difficilement en raison d’une voix plus qu’usé son morceau. Il enchaîne une seconde chanson, puis disparaît en coulisse. Le concert continue uniquement avec The Family Stone. Au bout de vingt minutes Sly réapparaît, et rebelote il essaye de nous chanter deux morceaux et s’éclipse de nouveau en coulisse. Et il en fut ainsi tout au long de la soirée. Bref ce ne fut un concert, vous l’aurez compris, vraiment pas fameux, et à oublier au plus vite.
La seconde soirée fut celle du samedi 21 Juillet, dont l’intitulé était « Olé Noché Flamenca ». Là encore, une soirée que je ne pouvais pas ratée, en raison de la présence de Tomatito. De plus, le festival nous proposait également Chano Dominguez. Une telle programmation fit de la soirée du samedi ma priorité, pour cette édition 2007.
Arrivée au festival, aux alentours de 19H, afin de prendre un peu le temps de se balader, d’une scène à l’autre afin de voir se qui nous était proposé en début de soirée, - rien de transcendant, ni même d’intéressant - et de se manger un bout de socca, accompagné là encore d’une bière, afin d’être dans de bonne disposition pour la suite des événements. 21h, entrée sur la scène des arènes du Chano Dominguez New Flamenco Sound, little big band composé d’un sax, d’une trompette, d’une guitare électrique, d’un clavier et d’un xylo (gérer par une seule et même personne), d’une contrebasse, d’une batterie, évidemment d’un piano, d’un chanteur et d’un danseur qui alterné danse ou chant avec le clapping. Les premiers accords, nous situe rapidement le créneau dans lequel évoluera le concert, ce sera une savante fusion de modern jazz aux inspirations flamenco. Alternant un discours orchestral complexe, à une expression plus épurer (piano, contrebasse, batterie, voix, et clapping), on reste toujours dans le domaine du délectable. A noter également la performance du danseur, qui tout en proposant une expression au passage quasi burlesque, ce qui rend sa performance assez déconcertante, reste dans justesse rythmique impressionnante, tout en y apportant une pointe d’humour fort agréable. Ce fut un concert intense et appuyé technique, mais fort réjouissant pour l’amateur de jazz et de flamenco que je suis.
23H, c’est au tour de Tomatito et de son sextet de s’accaparer la scène des arènes. Vêtus de chemises et de pantalons noir, le sextet se met en place en demi cercle nous faisant face. Tomatito trône au centre, à sa droite se trouve un guitariste également chanteur, et un danseur qui alterne avec du clapping, et à sa gauche un guitariste, un chanteur alternant lui aussi avec du clapping et un percussionniste. Que dire hormis, que cette prestation dans un registre de flamenco pur fut absolument éblouissante. Chanteurs aux voix puissantes et profondes, guitares nerveuses et terriblement harmonieuses, percussion délicate et envoûtante, et un danseur aussi époustouflant visuellement, qu’auditivement. Ce soir là, la magie a opérer, le public fut totalement séduit, et fit une standing ovation, de plusieurs minutes à la fin du concert. Et pour finir en beauté, s’il y en avait encore besoin, lors du rappel, nous avons droit à la Vacilona. Ce fut un concert vraiment exceptionnel.
La troisième et dernière soirée fut celle du lundi 23 Juillet, intitulé « African Roots ». Cette soirée avait retenu mon attention, en raison de la présence de Dee Dee Bridgewater. Les Roots était également programmés, mais pour ces derniers, j’avais un avis et un engouement beaucoup plus réservé.
Je m’étais renseigné préalablement pour savoir, ce que nous réservait Dee Dee, lors de cette soirée. Elle reprendrait les titres de son dernier album, qui évoque une démarche initiatique au cœur de ses origines africaines, maliennes pour être exacte.
Arrivé au festival à 20h30, juste le temps de se mettre en place pour le concert. 21H, début du concert, entrée des musiciens tous vêtues de façon traditionnel, hormis le pianiste. Les percussions commencent à retentir, entre alors, Dee Dee Bridgewaiter, ravissante dans une superbe robe de soirée de ton écru, elle entame le concert avec l’Afro Blue de Mongo Santamaria. Après quoi, s’exprimant très bien en français, elle nous salue, nous présente un à un ses musiciens, et nous explique la ligne directrice du concert qu’elle nous propose ce soir. C’est à dire, qu’ayant fait des recherches sur ses racines, elle a choisi des chansons du répertoire traditionnel malien, et pour chacune des thématiques abordées par ses dernières, elle propose ce qu’elle nomme «sa réponse». Le résultat se traduit par une fusion des deux. Ainsi avant chacune des chansons, elle prend systématiquement deux minutes pour nous expliquer la thématique originelle, et «sa réponse». J’ai trouvé les sujets abordées très moralisateurs et peu originaux, avec par exemple une apologie de la positivité, ou bien l’importance de l’éducation, des mères, des enfants, … Elles étaient également dans un esprit de partage, ce qui me semblent là aussi être une valeur un peu caricatural, d’une Afrique fantasmée. Mais par contre il faut reconnaître à Dee Dee un réel investissement dans son concert, et une dépense d’énergie incroyable, pour essayer de transmettre au public, sa bonne humeur et sa réelle conviction dans les valeurs évoquées. Musicalement, elle était très bien entourée, et elle conserve d’énorme qualité vocale, et malgré un ensemble inégal du concert, avec un manque d’attrait par moment et à contrario de véritables jouissances auditives, je conserve de cette soirée un vrai plaisir. A noter que lorsqu’elle scat Dee Dee préserve toute sa magie.
23H, début du concert des Roots. J’ai rapidement pris conscience que mes références «rootstique» datait du siècle dernier, avec des albums comme Do You Want More?!!!??! datant de 1995, ou encore Illadelph Halflife de 1996. Quoiqu’il en soit, le concert commence bien, avec un premier morceau auditivement tonic et visuellement attrayant en raisons de gros effets de lumière, mais aussi, et surtout, de la présence d’un soubassophone dansant assez déjanté. Rapidement, j’ai trouvé que le concert devenait très répétitif, et ceux à tous niveaux, musicalement, scéniquement, … et c’est relativement déçu que je suis parti avant la fin.
*Shogun si tu connais un moyen de poster des vidéos personelles sur le forum, je suis preneur. Je pourrais ainsi vous donner un petit aperçu de tout cela.
Dernière édition par le Lun 30 Juil - 1:23, édité 1 fois