
"Bande annonce"
Dernière édition par le Lun 20 Mar - 1:14, édité 1 fois
par Didier PERON,
Libération du mercredi 15 mars 2006
Clichés ambulants mais 3D emballante
Très attendu, «Renaissance» épate avec son animation high-tech en noir et blanc mais souffre de faiblesses de scénario.
On peut parier que la sortie de Renaissance va être suivie d'un oeil fiévreux autant par tous les aspirants de l'animation française que par les producteurs désireux de se lancer dans l'aventure du long métrage animé pour adultes. Le genre en France est encore peu couru, coûteux et jugé économiquement à risque l'échec de Kaena, de Chris Delaporte en 2003, a déjà douché les enthousiasmes.
Le réalisateur de Renaissance, Christian Volckman, est un jeune prodige formé à l'Ecole supérieure d'arts graphiques de Penninghen à Paris, remarqué par son court métrage Maaz (32 récompenses dans les festivals internationaux !). Il fait encore preuve ici d'ambition et d'audace. Le travail abattu a dû être titanesque car le film repose sur une technique qui a consisté à faire d'abord jouer l'intégralité de l'intrigue par une trentaine de comédiens en motion capture, puis à retraiter graphiquement en noir et blanc et en 3D le matériel ainsi obtenu. Le résultat, fondé sur des tests 3D et des croquis de Marc Miance, est visuellement impressionnant : le réalisme des mouvements, la plasticité des formes, la violence des contrastes de tonalité impressionniste, l'élégance générale de la facture esthétique font de ce lourd projet une réponse hexagonale crédible aux mangas animés nippons ou coréens. Les références de Volckman s'explicitent à chaque plan, entre cinéphilie classique (le premier Lang, Welles) et cinéma contemporain (Blade Runner, Bienvenue à Gattaca, Ghost in the Shell). La peinture d'un Paris à la fois sauvegardé dans son bâti actuel et néanmoins creusé ou surmonté de tout un tas d'innovations high-tech procure un plaisir sensuel de promenade dans un monde plausible, familier et pourtant inconnu.
Mais la virtuosité qui saisit pendant les vingt premières minutes et frappe tant les spectateurs exposés à des extraits ou des bandes-annonces du film ne suffit pas à tenir le rythme du long métrage. Renaissance pèche terriblement par son scénario signé Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte (duo déjà à l'oeuvre sur la comédie les Parrains avec Lanvin et Villeret). Cette histoire d'enquête à la recherche d'une biologiste caucasienne enlevée sans motif apparent déploie les méandres d'un complot ourdi par un magnat à la tête d'une entreprise tentaculaire. Les personnages n'échappent jamais à leur destin de clichés ambulants : flics viriloïdes à cuissots, filles tanquées comme des putes de luxe, méchants physiquement hideux.
La maladresse des dialogues est accusée par un doublage-voix désastreux. Plus encore que dans un film «normal», le supplément d'âme, le souffle de vie est un cap créatif difficile à franchir en animation parce qu'il s'agit d'un monde constitué ex nihilo, démiurgique, où l'artefact est constamment exhibé. Cette réserve scénaristique mise à part, Renaissance devrait sans mal avoir valeur de borne pour déterminer les nouveaux horizons de l'animation hexagonale en 3D.
par Thomas SOTINEL
Le Monde, le 15 Mars 2006
Renaissance
Film d'animation français de Christian Volckman
Les promoteurs de ce long métrage d'animation font grand cas de l'ambition qui a présidé à sa conception. Film de science-fiction qui a recours à la capture de mouvements (la digitalisation de sujets vivants dont les gestes sont analysés par des capteurs), Renaissance sort des espaces enfantins habituellement fréquentés par l'animation française, d'autant que ses auteurs ont renoncé à la couleur pour un noir et blanc violemment contrasté, qui montre Paris en 2054, ville dystopique et pluvieuse. Si les décors impressionnent, les habitants déçoivent : ils sont mus par le plus classique des scénarios (une enquête qui conduit un flic intègre et désespéré à affronter les puissants de ce monde-là) et énoncent les plus éculées des répliques (elles l'étaient déjà en 2006, alors en 2053...). Et si la capture de mouvement permet de beaux effets graphiques, elle produit un effet étrange, qui dépouille les personnages de leur identité pour en faire des silhouettes génériques. Finalement, l'échec est à la mesure de l'ambition.
Mara a écrit:Toi qui l'as vu, Prom', nous le conseilles-tu ?[...]La technique je m'en moque un peu, je n'y suis que peu sensible, alors si le scénario est fade, ça risque de coincer aux entournures.
Prométhée a écrit:Mara a écrit:Toi qui l'as vu, Prom', nous le conseilles-tu ?[...]La technique je m'en moque un peu, je n'y suis que peu sensible, alors si le scénario est fade, ça risque de coincer aux entournures.
Mara, aux vues de ton optique je te conseillerais de ne pas aller le voir, par contre aux autres je ne conseille rien du tout.
Shogun a écrit:Quel precision, merci pour ces precieux conseils Prom
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