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    Charles Burns

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    Message par Prométhée Mer 28 Mar - 22:15

    BURNS Charles

    Charles Burns Burnsne9

    Charles Burns est né le 27 septembre 1955 à Washington où il a fréquenté l'Evergreen College, célèbre école d'arts plastiques. Tout en réalisant quelques strips, il s'essaie à la photographie expérimentale et conçoit un roman-photo. Alors que ses travaux sont refusés par les principaux éditeurs en place, il fait la rencontre déterminante d'Art Spiegelman et de sa femme Françoise Mouly, les responsables de la revue Raw. De 1981 à 1991, il y multiplie les strips, les histoires courtes et les illustrations. Après avoir collaboré à différentes revues (Taboo, Death Rattle, Heavy Metal, Raw), il s'installe en Italie, de 1984 à 1986. Ce séjour lui permet de se faire connaître en Europe où ses histoires sont traduites et publiées par de nombreux éditeurs. Son talent désormais reconnu, Burns multiplie les illustrations pour différentes revues, magazines, anthologies de bandes dessinées alternatives et pochettes de disques. Contacté en 1993 par MTV, il collabore à une adaptation en dessin animé des gags de Dog Boy. Il participe également à la scénographie d'une version moderne du ballet Casse-Noisette. En 1995, il se lance dans la production de Black Hole, une série éditée par Kitchen Sink et reprise en France en 1998 par les éditions Delcourt. Usant d'un graphisme extrêmement stylisé, mêlant visions macabres et humour noir, Burns réinterprète à sa manière les grands mythes de l'Amérique conquérante des années 50.

    Source : http://www.editions-delcourt.fr


    Charles Burns a grandi à Seattle dans les années 70. Il s’est fait connaître par son travail dans le magazine Raw d’Art Spiegelman au milieu des années 80 et a connu depuis un succés grandissant grâce à ses bandes dessinés et à des projets d’une extraordinaire variété, des couverture des albums d’Iggy Pop à la dernière campagne de pub des pastilles mentholées Altoids. En 1992, il a conçu les décors du ballet Casse-Noisette (renommé The Hard Nut / La Noix Dure) chorégraphié par Mark Morris et présenté à la Brooklin Academy of Music. Il a réalisé des couvertures pour Time, The New Yorker, et The New York Times Magazine. Il a aussi été nommé illustrateur officiel des couvertures du magazine The Believer dés son lancement en 2003. Burns vit à Philadelphie avec sa femme et ses deux filles.

    Source : Black Hole (l'intégrale) édition Delcourt
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    Message par Prométhée Mer 28 Mar - 22:26

    ENTRETIEN
    Charles Burns

    Humour noir et noir crayon

    Artiste atypique dans le paysage du comics, Charles Burns a posé les bases d’un univers macabre et loufoque où se côtoient détective catcheur crétin, singes modifiés, monstres mutants, savants psychopathes, robots déglingués, gamins attardés ou ados déphasés....

    Derrière l’humour noir et la popculture de El Borbah ou Big Baby (Cornélius), c’est pourtant toute la psyché d’une certaine Amérique, d’apparence morne et innocente, qu’il scrute et revisite sous l’élégance racée de son trait noir stylisé. Après une décennie de travail, il vient d’achever Black Hole, qui se pose comme un chef-d’œuvre du 9è Art et dans lequel convergent toutes ses obsessions et ses hantises.
    Réflexion sur le mal-être adolescent, ce roman graphique surprend par la sophistication de sa narration et déroule une allégorie fine sur le passage à l’âge adulte. Et c’est non sans raison que l’album vient d’être récompensé à Angoulême comme l’un des Essentiels de 2006.



    Le journal de la culture : rencontre avec Charles Burns (Real video - 3mn16)


    Arte.tv : J’ai lu qu’un de vos premiers travaux a été édités par Matt Grœning, le futur créateur des Simpson. Pouvez-vous nous en dire plus ?
    En effet. On était à l’université ensemble dans la même école d’art. Je faisais mes comics qui étaient publiés dans le journal de l’université. Il se trouve que Matt Grœning y écrivait aussi et qu’il en est devenu rédacteur en chef. J’ai travaillé un an pour le journal et il m’a édité pendant un semestre.

    Arte.tv : Je crois savoir que vous faisiez aussi de la photographie. Pensez-vous que cette activité a eu un rôle dans votre manière d’appréhender la bande dessinée ?
    Je fais toujours de la photo. Drawn&Quartely vient d’ailleurs de publier un recueil de mes photos digitales, One Eye. A l’époque, je faisais des photos noir et blanc et ça m’a aidé dans le dessin, à réfléchir en terme de cadrage, de composition… D’une manière générale, j’ai fait beaucoup d’écoles. Je ne savais pas ce que je voulais faire et voulais essayer plein de choses. Ce à quoi j’aspirais était davantage du côté des beaux-arts, je ne cherchais pas forcément à acquérir un savoir-faire.

    Arte.tv : Vous parlez de beaux-arts mais vos sources d’inspiration puisent largement dans la culture populaire des années 50/60…
    Ce qui est sûr c’est que dans les bandes dessinées des années 40, 50 et 60, il y avait un type de ligne, d’utilisation du noir qui m’attirait beaucoup. Je me souviens par exemple avoir vu un encrage et d’avoir été fasciné par cette ligne épaisse et il m’a fallu pas mal d’années, ne serait-ce que pour comprendre que les dessinateurs faisaient ça avec un pinceau. J’ai été aussi marqué par le magazine Mad où il y avait une grosse utilisation de noir, du clair-obscur…

    Arte.tv : L’horreur et l’étrange ne sont pas très courants dans la BD américaine. D’où vient l’intérêt que vous portez pour ces genres ?
    Je n’ai pas trop de réponses. Je ne vois pas Black Hole comme un ouvrage exclusivement d’horreur. Mais j’ai été effectivement influencé par tout ça vers l’âge de 6-7 ans. Je suis né en 1955, j’ai grandi dans les années 60 dans une banlieue pavillonnaire et j’étais à un âge où l’on prend ces choses-là très au sérieux. Il y a eu un engouement autour de l’horreur et l’on trouvait beaucoup de magazines comme Famous Monster of Filmland. C’est à ça que je croyais et j’y croyais à fond ! C’était mon truc. Maintenant quand je vois ce genre de magazines, je les trouve très mignons. Il y avait aussi à la télévision des histoires de possession d’extra-terrestres, de monstres... Je me souviens d’un épisode d’une série qui s’appelait The Outer Limits [Au-delà du réel] avec un homme en complet-cravate qui semblait tout à fait normal. Mais juste au-dessus de son col, on voyait sa gorge et une espèce d’ouverture. Ca a directement inspiré la scène de Black Hole avec la petite bouche. On avait l’impression que ça respirait...

    Arte.tv : Vous avez débuté dans Raw, la revue de Art Spiegelman et Françoise Mouly. Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette aventure ?
    Je vivais à Philadelphie et je venais régulièrement à New York au début des années 80 pour essayer de gagner ma vie. Raw était un petit journal, mais on le trouvait quand même dans des librairies new-yorkaises. Je suis tombé dessus et j’ai cherché à collaborer avec eux. J’ai regardé où c’était, me suis présenté à la porte et là, il y a Art Spiegelman qui dit : « Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’est-ce que vous faites là ? C’est pas notre problème ! On est occupé ! Envoyez des photocopies !!» Alors c’est ce que j’ai fait, avec mon portfolio pathétique [sic]. J’ai été invité à collaborer comme ça !

    Arte.tv : Vous avez passé deux années de votre vie en Italie entre 84-86. Rétrospectivement pensez-vous que cette période a été fondamentale dans votre évolution artistique et dans votre carrière ?
    C’est dur à dire. J’ai toujours eu une idée ferme de ce que je voulais faire. C’est pour cette raison que j’étais si réticent à devenir un « vrai » étudiant des beaux-arts. Je faisais mon travail dans mon coin. Je suis autodidacte en ce sens. Quand je suis allé vivre en Italie, j’ai rencontré plein d’auteurs connus, Igort, Massimo Mattioli, Lorenzo Mattoti… J’ai été ravi de travailler avec eux, j’ai essayé d’apprendre, je me suis mis à la couleur par admiration pour ces artistes, mais ça revenait toujours à ma propre vision. Je me souviens justement de ce que m’avait dit un Italien : « Ca fait deux ans que vous habitez en Italie, votre travail devrait être beaucoup plus influencé que cela ! Alors pourquoi vous faites un truc à propos d’un enfant qui habite dans une banlieue des Etats-Unis !? »

    Arte.tv : Peut-être justement parce que vos œuvres contiennent une part d’autobiographie ? Dans Black Hole par exemple, l’action se situe dans une banlieue ennuyeuse et vous y parlez du quotidien d’adolescents, du difficile passage à l’âge adulte…
    Il y a certainement une part autobiographique dans Black Hole, des éléments qui sortent de moi, de mes expériences et de ce que j’étais à l’époque. Moi, j’ai grandi à Seattle et l’action se déroule dans une ville du nord-ouest des Etats-Unis. Il y a des choses qui sont exactement calquées sur ma vie. Par exemple, pour l’héroïne c’est très important de voir l’océan et moi aussi quand j’étais adolescent, je voulais voir l’océan. J’y recherchais une beauté naturelle. L’adolescence est une période de la croissance où l’on n’a pas trop envie d’être avec les parents, de les voir, mais en même temps on n’a pas les moyens d’avoir son propre appartement. Donc, qu’est-ce qu’on fait ? On allait dans les bois pour fumer du shit et faire ce qu’on avait à faire. C’était notre endroit à nous.

    Arte.tv : Avec l’arrivée du manga, on a découvert une façon plus réaliste et crue de représenter l’horreur avec, par exemple, Suehiro Maruo, Hideshi Hino ou Kazuo Umezu... Connaissez-vous leur travail ? Qu’en pensez-vous ?
    Dans Black Hole, il y a deux scènes violentes mais le propos du livre n’est pas là. On trouve aussi des scènes explicitement sexuelles mais, là encore, ce n’est pas un livre explicitement sexuel. Je ne voulais pas faire dans le sensationnalisme. Tout ça fait partie de la narration. J’ai lu des mangas qui m’ont intéressés comme ceux de Maruo que je sens plus personnels mais j’ai l’impression que ça reste encore à la surface, et que c’est un peu rentre-dedans, dans le tape-à-l’œil et l’horreur. Je ne suis pas trop partisan de ce genre de choses. Je préfère que ce soit mieux intégré dans la narration que ça aille un peu plus loin que le « Brooawww !!! »

    Arte.tv : Vous avez eu deux expériences dans l’animation, à travers Dog Boy une série pour MTV et récemment pour Peur(s) du Noir (Afraid of the Dark). L’animation est-elle un prolongement naturel de votre travail de dessinateur de BD ?
    Dog boy était avec des vrais comédiens et c’était hors de mon contrôle. J’ai juste écrit le script. Par contre dans Peur(s) du Noir je fais pratiquement tout, le story-board, le script… Mais je préfère faire de la bande dessinée car je suis complètement aux commandes. Même si dans Peur(s) du noir, je suis dans une situation idéale, le producteur veut m’avoir partout, ça reste une collaboration et c’est quand même des compromis. Avec la bande dessinée, je fais tout, tout seul, et les seules mauvaises surprises que je peux avoir, c’est au niveau de l’impression. La bande dessinée est le medium le plus libre de ce côté-là.

    Arte.tv : C’est pour cette raison que vous n’avez jamais travaillé pour les grandes compagnies, comme Marvel ou DC ?
    Je n’ai jamais été tenté de faire ce genre de trucs mainstream, à part vers l’âge de 8/9 ans. Mon modèle a été plutôt Robert Crumb. Avec un tel patronage je ne pouvais pas me tourner vers autre chose que l’underground. Pour la première fois les artistes avaient un contrôle artistique total sur ce qu’ils faisaient, il y avait une liberté d’expression que l’on ne trouvait pas ailleurs. Ca ne m’intéresse pas spécialement de faire du Spiderman si ce n’est pour en faire une version pornographique, regarder quelle serait la vie sexuelle de Peter Parker !

    Arte.tv : En dehors de la BD, vous faites de l’illustration, de la photo, vous avez collaboré à un ballet etc. Allez-vous continuer à diversifier vos activités ? Y a-t-il d’autres domaines que vous aimeriez aborder ?
    Je suis ouvert à tout. Pour l’instant, je ne sais pas si je vais me tourner vers d’autres choses. Je suis très content d’avoir mon livre de photo chez Drawn&Quartely. Quand j’étais plus jeune j’ai essayé plein de choses, la peinture, la sculpture… Mais à un moment donné, je me suis rendu compte que ce que j’aimais vraiment, c’était raconter des histoires. Même quand je faisais des illustrations, il y avait toujours quelque chose d’un peu narratif. Mais je n’exclus rien.

    Arte.tv : Dernière question, le personnage de Charles Montgomery Burns dans les Simpson est-il un hommage que vous a rendu Matt Grœning ?
    Je ne sais pas... Ce que je peux vous dire c’est qu’un jour, dans une conférence de presse quand quelqu’un a demandé à Matt Grœning si Charles Montgomery Burns avait un rapport avec moi, il a répondu : « il va falloir que mes avocats répondent à ça ! »

    Propos recueillis par Nicolas Trespallé, Angoulême 2007
    (Traduction Maëva Poupard)
    Remerciements à Emmanuel « doc » Péhau
    Source : http://www.arte.tv/fr
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    Message par Prométhée Mer 28 Mar - 22:50

    Black Hole

    Charles Burns Blackholecouverturenc8

    Scénariste : Charles Burns
    Dessinateur : Charles Burns
    Edition : Delcourt
    Collection : Contrebande
    Date de parution : le 8 Novembre 2006
    Pages : 300
    Noir et blanc
    Prix : 29.90 €
    ISBN : 2756003794

    Et vous trouvez que votre adolescence était flippante.

    Banlieue de Seattle, milieu des années 70. Dés le début, on apprend qu’une étrange épidémie frappe les adolescents du coin, transmise par contacte sexuel. La maladie se manifeste de diverses manières – de l’affreusement grotesque au plus subtil (et dissimulable) – mais une fois qu’on l’a attrapée, c’est fini. On ne peut plus faire machine arrière.

    En vivant dans la tête de plusieurs personnages – clés – des ados atteints, d’autres non atteints et d’autres sur le point de l’être – nous n’assistons pas à la lutte contre l’épidémie à laquelle on devrait s’attatendre, ni au développement de la prise de conscience de la maladie ou de la façon d’y remédier. Au lieu de cela, nous devenons les témoins du caractère aliénant, angoissant, mais fascinant, du lycée… La sauvagerie, la cruauté, l’anxiété et l’ennui permanents, le désir d’évasion.

    C’est alors que des meurtres commencent.

    D’une beauté aussi hypnotisante qu’horrifiante, Black Hole transcende les genres en explorant habilement une période particulière de la culture américaine, et les ados qui s’y débattent… A l’époque où ce n’était plus vraiment cool d’être un hippie, mais où Bowie était encore un peu trop bizarre.

    Sans parler d’avoir des cornes qui poussent et de la peau qui mue…


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    C’était comme une horrible partie de chat… On finit par découvrir qu’il s’agissait d’une nouvelle maladie qui n’affectait que les adolescents. On la surnoma la « peste ado »et la « crève ». Les symptômes en étaient aussi variés qu’imprévisibles… certains s’en tiraient à bon compte – quelques bosses ou une vilaine éruption cutanée – d’autres devenaient des monstres ou il leur poussait de nouveaux menbres… Mais quels que fussent les symptômes, une fois touché, on était « le chat » pour toujours.
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    Message par Prométhée Mer 28 Mar - 23:03

    Entretien
    Black is Burns

    Primé comme Essentiel d’Angoulême, Black Hole est une parabole étrange sur l’adolescence… comme si David Lynch s’était attaqué aux films stéréotypés américains sur les teenagers. Rencontre avec Charles Burns, qui a planché durant dix ans sur Black Hole.


    BDCAF’MAG : comment présenteriez-vous Black Hole (1) aux lecteurs qui ne connaissent pas votre livre ?
    Charles Burns : c’est une histoire sur l’adolescence. L’histoire de jeunes gens affectés par une curieuse maladie qui se manifeste de différentes manières : un personnage a la peau qui tombe en lambeaux, un autre a une petite queue qui pousse, un autre a une petite bouche qui prend forme dans son cou. Mais même si ces mutations sont terribles, ce n’est pas une histoire d’horreur – c’est un roman sur les transformations qui affectent l’être entre l’enfance et l’âge adulte.

    BDCAF’MAG : il y a t-il des éléments autobiographiques dans l’histoire ?
    CB : forcément. L’histoire se déroule sur la côte nord du Pacifique – moi, j’ai grandi à Seattle. Elle prend place au début des années 70, époque à laquelle j’avais moi même l’âge des personnages. Et pas mal de situation que j’ai vécues ont été utilisées dans l’histoire. Mais je n’ai jamais eu de petite amie comme Chris ! J’aurais bien aimé, mais cela n’a jamais été le cas, hélas !

    BDCAF’MAG : la même histoire dans les années 2000, cela aurait donné le même livre ?
    CB : d’une certaine manière, la date des événements du livre importe peu. J’ai choisi les années 70 car je pouvais parler sans me tromper des centres d’intérêts des teenagers à cette époque. J’ai deux filles adolescentes (enfin l’une a presque 20 ans), et me m’aperçois que je serais bien incapable de raconter une histoire qui pourrait inclure des trucs comme des SMS. Je n’aurais jamais été crédible ! Mais d’un autre coté je croise souvent des adolescents qui me disent que Black Hole, c’est exactement ce qu’ils ressentent, un reflet du malaise à cet âge – peu importe l’époque.

    BDCAF’MAG : est-ce que vos filles ont lu le livre justement ?
    CB :
    J’ai mis dix années à dessiner cette histoire – heureusement pour moi, ce n’est pas ce qui me fait vivre (2). Donc, au départ, mes filles étaient trop jeunes pour que je puisse leur montrer quoi que ce soit. Elles étaient majeures lorsque j’ai fini l’histoire. La plus grande l’a finalement lue et l’a appréciée. Maintenant, elle la conseille à ses amis. La plus jeune a toujours refusé de la lire. Elle a un tempérament différent et n’a probablement pas envie d’imaginer son père en train de vivre cette histoire. Je pense que c’est compliqué pour un adolescent de lire quelque chose ayant trait à la vie sexuelle de ses parents…

    BDCAF’MAG : pourquoi cette métaphore sur la mutation ? N’auriez-vous pas pu aborder les tourments de l’adolescence de manière différente ?
    CB :
    c’est quelque chose qui m’est venu en travaillant sur des histoires courtes pour Big Baby (3) : envisager l’adolescence comme une maladie. J’ai rapidement réalisé que j’avais besoin d’une histoire plus longue pour explorer cette idée. Représenter les changements de l’âme des adolescents par des transformations physique, quelquefois de manière monstrueuse, rend l’histoire plus extrême.

    BDCAF’MAG : quand vous avez commencé les premières pages de Black Hole, vous saviez déjà quelle serait la fin ?
    CB :
    oui. Les destins croisés des personnages m’ont obligé à planifier sérieusement le scénario… même sur dix ans. D’un autre coté, tout ce temps m’a permis de mieux voir comment raconter certaines choses. Après avoir arrêté de travailler sur la BD pendant quelques temps, je m’y replongeais à chaque fois avec des yeux neufs. Cela a été très positif pour l’histoire. Si j’avais eu à dessiner Black Hole d’un trait, cela aurait été beaucoup plus difficile – et peut-être moins réussi.

    BDCAF’MAG : Black Hole est donc paru en épisode. Certains avis de lecteurs ou de votre éditeur vous ont-ils influencés au fur et à mesure que vous dessiniez l’histoire ?
    CB :
    tous les dessinateurs que je connais travaillent de manière très isolée et mettent souvent dans leur livre une adresse email, un site, etc. Mais je ne suis pas comme ça. Quand il y a mon nom, c’est pour les copyrights, c’est tout. Donc, je n’ai eu que de très rares retours et cela ne m’a pas influencé. Quant à mon éditeur (4), son seul feedback a porté sur mes fautes d’orthographe ou de ponctuation.

    BDCAF’MAG : avez-vous imaginé dessiner Black Hole en couleur ?
    CB :
    Non, je savais dès le départ que l’histoire serait en noir et blanc. C’est une histoire qui mérite le noir et blanc. Elle n’aurait pas été la même en couleur.

    BDCAF’MAG : quelles sont vos influences ?
    CB :
    contrairement à ce qu’on pourrait penser, ma première influence n’est pas le comics d’horreur américain des années 50. C’est plutôt la bande dessinée à laquelle j’avais accès à l’époque, avant même de savoir lire : MAD (5). Ce n’est qu’après que j’ai découvert le travail des auteurs de MAD, comme Harvey Kurzman, dans un registre plus horrifique. C’est probablement de MAD que vient aussi mon intérêt pour le noir et blanc. Mon autre grande influence, c’est… Tintin !C’est assez inhabituel pour un américain né en 1955 d’avoir eu accès à Tintin. Mais à la fin des années 50, un éditeur américain a publié quelques volumes – qui se sont probablement très mal vendus à l’époque. Mon père les avait achetés et cela m’a fasciné. Et puis plus tard, bien entendu, j’ai été influencé par les auteurs de comics américains underground, comme Robert Crumb.

    BDCAF’MAG : vous avez fait vos études avec Matt Groening (6) – Etiez-vous en concurrence sur le dessin ?
    CB :
    nous étions dans la même école et on travaillait tous les deux pour le canard interne. En fait, il faisait pas de BD à proprement parler. C’était plus un brillant écrivain, qui faisait toujours des petits crobars en marge de ses textes. Par exemple, il y avait dans notre coin un journal régional qui faisait toujours ses titres sur les accidents de voitures. Et je me souviens qu’il avait fait une parodie de ce journal avec des faux articles et des fausses pubs. J’en ai pleuré de rire. Il a toujours eu un sens de l’humour hors du commun… C’est d’ailleurs pour cela qu’il a toujours eu du succès !

    BDCAF’MAG : pour revenir à Black Hole, on entend parler d’une adaptation cinématographique…
    CB :
    j’ai effectivement signé une option avec Paramount. Mais c’est Hollywood, et Hollywood ne fonctionne comme rien d’autre. A l’origine, il y avait un réalisateur attaché à ce projet puis cela a changé. Pour l’instant, il ne s’est rien passé. J’ai juste de l’argent à la banque.

    BDCAF’MAG : avez-vous demandé à suivre de prés cette adaptation cinématographique quand elle se fera ?
    CB :
    ce que j’aime le plus dans la bande dessinée, c’est qu’on a un contrôle total sur l’histoire. Sur ce qui est bon ou mauvais, sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. C’est impossible dans le cinéma. Je sais que Dan Clowes, sur Ghost World (7), a réussi à maintenir un maximum de contrôle. Son travail avec le réalisateur Terry Zwigoff s’est extrêmement bien passé, mais je pense que c’est une exception. Alors plutôt que d’être frustré, je préfère ne rien avoir à y faire. Et puis, habituellement, plus vous êtes payés, moins vous avez de contrôle sur le film !

    BDCAF’MAG : Black Hole a été adapté dans de nombreux pays. Il y a-t-il des pays qui sont plus sensibles au sujet de Black Hole et à la manière dont vous l’avez traité ?
    CB :
    le livre a été publié dans beaucoup de pays d’Europe. Je dirais que son succès et surtout lié à la culture BD des pays dans lequel il est édité. La France a traditionnellement l’habitude de considérer la bande dessinée comme un média qui peut aussi être noble et littéraire. Mais dans d’autres pays, c’est plus compliqué. Bien que les choses changent…

    BDCAF’MAG : quels sont vos projets ?
    CB :
    Je travaille actuellement sur un film d’animation pour un producteur français. Alternativement, je me mets aussi à une nouvelle bande dessinée, en couleurs cette fois-ci. Puis je viens finir un livre de photographies personelles (8 ).


    (1) l’intégrale de Black Hole est parue en France chez Delcourt, fin 2006
    (2) Charles Burns travaille la majeure partie de son temps comme illustrateur, il est par exemple l’auteur de la couverture de l’album de Brick By Brick de Iggy Pop.
    (3) Big Baby est paru en France chez Cornélius.
    (4) L’éditeur de Black Hole aux Etats-Unis est Fantagraphics.
    (5) MAD est un magazine satirique américain légendaire créé en 1952 par l’éditeur William Gaines et l’auteur Harvey Kurtzman. Mad est toujours publié.
    (6) Matt Groening est le créateur des Simpsons.
    (7) Ghost World est paru en France chez Vertige Graphic.
    (8 ) One Eye, publié par Drawn & Quarterly, sortira en mars 2007 au Canada.

    Source : BDCAF’mag n°12 Mars Avril 2007
    Lien : http://www.leseditionsducafe.com



    Pochette de l’album Brick By Brick de Iggy Pop, illustré par Charles Burns :

    Charles Burns Brickbybrickou3


    Big Baby de Charles Burns publié par les éditions Cornelius :

    Charles Burns Bigbabyhd0ib5
    Lien : http://www.cornelius.fr


    One Eye de Charles Burns publié par Drawn & Quarterly :

    Charles Burns 189729904401ss500sclzzzqw1
    Le lien : http://www.vqronline.org/printmedia.php/prmMediaID/9373 (site en anglais, mais proposant l’aperçu de quelques photos)
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    Message par Prométhée Mer 28 Mar - 23:07

    Mon avis sur Black Hole :

    Cette bande dessinée de Charles Burns, je l’ai dévorée en deux jours, difficile une fois plongé dedans d'en sortir. C’est un pur moment de plaisir que nous fais partager l’auteur avec cette histoire. Les points forts de cette réussite sont l’esthétisme, le scénario, et les personnages.

    L’esthétisme, est vraiment l’un des points fort de cette bande dessinée, le noir et blanc accumulés à la technique de Charles Burns y sont d’une justesse incroyable, et permettent aux lecteurs d’évoluer visuellement, dans l’ambiance psychique des personnages.

    C’est à un scénario bien ficelé auquel nous avons à faire dans cette histoire, et comme Charles Burns le dit dans son interview ci dessus, il n’y a nul doute qu’il était bien planifier dès le départ. Cela lui permis de plus travailler la narration, qui se révèle elle aussi être très efficace.

    J’ai trouvé les personnages très attachant, et je pense que chacun de nous à travers un ou plusieurs personnages, à travers une ou plusieurs situations, peut retrouver des éléments ou des souvenir de son adolescence. De plus la dimension psychologique que donne Burns à ses personnages, nous rapproche forcément de chacun d’eux.

    Black Hole est une Bande dessinée à lire pour tout ceux qui n’aime pas plus le neuvième art que cela, et sans aucun doute à posséder pour les autres.


    Dernière édition par le Dim 1 Avr - 12:22, édité 1 fois
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    Message par Prométhée Mer 28 Mar - 23:14

    Black Hole : 1 - Sciences naturelles (publié en Mai 1998)

    Charles Burns Blackholecou01xw6


    Black Hole : 2 – Métamorphoses (publié en Mars 1999)

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    Black Hole : 3 – Visions (publié en Mars 2001)

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    Black Hole : 4 - Reine des lizards (publié en Septembre 2002)

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    Black Hole : 5 - Grandes Vacances (publié en Novembre 2003)

    Charles Burns Blackhole0507102003co4


    Black Hole : 6 - Bleu Profond (publié en Mars 2005)

    Charles Burns Blackhole608032005jl1
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    Message par Mara Jeu 5 Avr - 19:39

    Jusqu'ici je n'ai lu, disons plutôt "vu", de lui que des recueils de planches muettes, et a priori j'aime infiniment ce type de graphisme. Il me rappelle les meilleures heures de fluide Glacial, où certains créateurs donnaient dans une SF dont le graphisme était assez approchant.

    J'apprécie particulièrement la séance de dissection, tant dans la dérive décrite qu'en ce qui concerne le graphisme, les plans, etc.

    Mais il faut que je teste, pour voir si dans la longueur je garde le même plaisir. Ca doit se lire un peu comme du Joyce, c'est de la Bd pour boulimique.

    Dès que je ne serai plus interdite de prêt, je passe à la bibli. Wink
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    Message par Prométhée Lun 9 Avr - 20:28

    Mara a écrit:Jusqu'ici je n'ai lu, disons plutôt "vu", de lui que des recueils de planches muettes, et a priori j'aime infiniment ce type de graphisme. Il me rappelle les meilleures heures de fluide Glacial, où certains créateurs donnaient dans une SF dont le graphisme était assez approchant.

    J'apprécie particulièrement la séance de dissection, tant dans la dérive décrite qu'en ce qui concerne le graphisme, les plans, etc.

    Mais il faut que je teste, pour voir si dans la longueur je garde le même plaisir. Ca doit se lire un peu comme du Joyce, c'est de la Bd pour boulimique.

    J'espère que tu auras l'occasion de la lire, Black Hole est une bande dessinée que je te recommande sans aucune hésitation.

    Mara a écrit:Dès que je ne serai plus interdite de prêt, je passe à la bibli. Wink

    Le symptôme du gribouilli, on commence par la copie de ses élèves, puis cela ne suffit plus. On multiplie les controles, mais ça ne suffit toujours pas, on a besoin de plus de surface... alors quand on tombe sur les livres de la biblio, l'occassion est trop belle, et on ne peut résister...
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    Message par Mara Mer 11 Avr - 18:19

    Prométhée a écrit:
    Le symptôme du gribouilli, on commence par la copie de ses élèves, puis cela ne suffit plus. On multiplie les controles, mais ça ne suffit toujours pas, on a besoin de plus de surface... alors quand on tombe sur les livres de la biblio, l'occassion est trop belle, et on ne peut résister...
    LOL

    Vous n'y êtes point Prométhée non

    Dans cette obscure affaire, je suis une victime de plus de la barbarie ordinaire. 787

    C'est surtout le symptôme "on prête sa carte de bibli à un certain Maldo". Enfin bon, je voudrais pas faire de délation, ce n'est pas mon genre.
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    Message par Prométhée Mar 17 Avr - 1:12

    Mara a écrit:
    Prométhée a écrit:
    Le symptôme du gribouilli, on commence par la copie de ses élèves, puis cela ne suffit plus. On multiplie les controles, mais ça ne suffit toujours pas, on a besoin de plus de surface... alors quand on tombe sur les livres de la biblio, l'occassion est trop belle, et on ne peut résister...
    LOL

    Vous n'y êtes point Prométhée non

    Dans cette obscure affaire, je suis une victime de plus de la barbarie ordinaire. 787

    C'est surtout le symptôme "on prête sa carte de bibli à un certain Maldo". Enfin bon, je voudrais pas faire de délation, ce n'est pas mon genre.

    La "Maldonite", un syndrome rarissime mais extrement virulant...

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