A propos de l'affaire d'"auto-censure" des éditions Belin, je suis tombé dans le cadre de mes recherches sur un extrait du livre "Le Savant et la Politique" de Max Weber.
Bien évidemment, il faut tenir compte du fait que l'extrait qui va suivre a été écrit à une époque (1919) où l'Ecole de la République n'avait pas trahi sa mission première pour satisfaire à la mascarade démagogique du "droit de l'élève", cette transposition institutionnelle de l'Enfant-roi pour le plus grand malheur de ce dernier.
"La science "sans présuppositions", en tant qu'elle refuse la soumission à une autorité religieuse, ne connaît en fait ni "miracle" ni "révélation". Sinon elle serait infidèle à ses propres présuppositions. Mais le croyant connaît les deux positions. Cette science "sans présuppositions" exige de sa part rien de moins - mais également rien de plus - que le souci de reconnaître simplement que, si le cours des choses doit être expliqué sans l'intervention d'aucuns de ces éléments surnaturels auxquels l'explication empirique refuse tout caractère causal, il ne peut être expliqué que par la méthode que la science s'efforce d'appliquer. Et le croyant peut admettre cela sans aucune infidélité à sa foi. [...] La tâche primordiale d'un professeur capable est d'apprendre à ses élèves à reconnaître qu'il y a des faits inconfortables, j'entends par là des faits qui sont désagréables à l'opinion personnelle d'un individu; en effet, il existe des faits extrêmement désagréables pour chaque opinion, y compris la mienne. Je crois qu'un professeur qui oblige ses élèves à s'habituer à ce genre de choses accomplit plus qu'une oeuvre purement intellectuelle, je n'hésite pas à prononcer le mot d'"oeuvre morale", bien que cette expression puisse peut-être paraître trop pathétique pour désigner une évidence aussi banale.
Le prophète et le démagoque n'ont pas leur place dans une chaire universitaire. [...]"
Bien évidemment, il faut tenir compte du fait que l'extrait qui va suivre a été écrit à une époque (1919) où l'Ecole de la République n'avait pas trahi sa mission première pour satisfaire à la mascarade démagogique du "droit de l'élève", cette transposition institutionnelle de l'Enfant-roi pour le plus grand malheur de ce dernier.
"La science "sans présuppositions", en tant qu'elle refuse la soumission à une autorité religieuse, ne connaît en fait ni "miracle" ni "révélation". Sinon elle serait infidèle à ses propres présuppositions. Mais le croyant connaît les deux positions. Cette science "sans présuppositions" exige de sa part rien de moins - mais également rien de plus - que le souci de reconnaître simplement que, si le cours des choses doit être expliqué sans l'intervention d'aucuns de ces éléments surnaturels auxquels l'explication empirique refuse tout caractère causal, il ne peut être expliqué que par la méthode que la science s'efforce d'appliquer. Et le croyant peut admettre cela sans aucune infidélité à sa foi. [...] La tâche primordiale d'un professeur capable est d'apprendre à ses élèves à reconnaître qu'il y a des faits inconfortables, j'entends par là des faits qui sont désagréables à l'opinion personnelle d'un individu; en effet, il existe des faits extrêmement désagréables pour chaque opinion, y compris la mienne. Je crois qu'un professeur qui oblige ses élèves à s'habituer à ce genre de choses accomplit plus qu'une oeuvre purement intellectuelle, je n'hésite pas à prononcer le mot d'"oeuvre morale", bien que cette expression puisse peut-être paraître trop pathétique pour désigner une évidence aussi banale.
Le prophète et le démagoque n'ont pas leur place dans une chaire universitaire. [...]"