Basic instinct

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Basic instinct
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

    Derrière l'Ecran, "Biographie romancée" de Claire

    Maldoror
    Maldoror
    Posteur


    Nombre de messages : 348
    Localisation : En demande d'asile poétique
    Date d'inscription : 10/03/2005

    Derrière l'Ecran, "Biographie romancée" de Claire Empty Derrière l'Ecran, "Biographie romancée" de Claire

    Message par Maldoror Mar 21 Nov - 19:35

    "Les gens me regardent comme si j’étais une sorte de miroir au lieu d’une personne. Ils ne me voient pas, il voient leurs propres pensées cachées, puis ils se blanchissent en prétendant que j’incarne ces pensées secrètes."
    Marylin Monroe


    L’œuvre s’ouvre sur une déconvenue à l’échelle de la nation, la découverte d’une absence instantanément comblée, celle d’une icône médiatique qui pendant plus de quinze ans aura accompagné l’intimité des familles. Après tant d’années de bons et loyaux services, la présentatrice du journal télévisé a été évincée de la grande messe et remplacée par une autre égérie, plus moderne, plus dans l’ère du temps, un nouvel idéal… Désacralisée sans préavis, l’idole sur le retour est alors contrainte de rejoindre la version audiovisuelle du purgatoire, l’une de ces innombrables chaînes câblées où les has been s’en vont rechercher leur dose de lumière manquante et s’épargner ainsi une trop douloureuse traversée du désert... C’est sur Pink TV qu’elle officiera donc désormais. Elle s’y liera d’amitié avec son assistant, en tout bien tout honneur eu égard à l’homosexualité de ce dernier, qui décide de lui rendre hommage à travers un film documentaire. Commence alors le jeu de la rétrospective et de l’introspection.

    C’est sur ce dispositif littéraire que s’appuie l’auteur, Sarah Vajda, pour façonner sa biographie romancée de Claire Chazal.
    De la vie privée de la célébrité, seuls sont rapportés des éléments précédemment dévoilés par elle-même ou divulgués par les indiscrétions concurrentes de ses proches et de la presse spécialisée. Le propos de l’auteur, en effet, n’est pas de contribuer à cette vaste entreprise de racolage littéraire qui officie généralement sous le nom de « biographie non autorisée », mais de recourir à la confusion des genres pour atteindre la réalité. Car Derrière l’Ecran nous conte l’histoire désespérément conjointe d’un peuple et de la plus familière de ses icônes.
    C’est le récit d’une union consommée chaque semaine pendant quinze ans, et pourtant demeurée platonique d’avoir toujours été dépourvue de passion authentique.
    C’est le conte d’une princesse provinciale adoubée par la capitale, convertie au culte de l’image auquel elle a sacrifié son être, tant par haine de l’anonymat que de.
    C’est une histoire de France aussi et surtout, le souvenir d’une époque où l’ascension sociale était encore une réalité et non un leitmotiv destiné à acheter la paix sociale à peu de frais, un temps où l’égalité des chances valait sur l’ensemble du territoire national et n’était pas encore invoquée au seul bénéfice des périphéries urbaines.
    L’auteur s’est ainsi saisie d’une idole et d’un peuple, piédestal malgré lui, pour tutoyer l’appareil médiatique dans ses fondements les moins avouables, pour transpercer le cœur de ces « émissions qui ne servent qu’à attendrir les âmes, à les arracher au futur » en leur imposant le goût de l’instantané.
    Derrière l’Ecran œuvre contre cette synchronisation forcée des âmes, s’interrogeant sur le singulier rapport que Claire Chazal entretient avec sa propre existence et sur les causes de sa longévité dans un système où l’espérance de vie médiatique se mesure plus fréquemment en mois, voire en semaines, qu’en années.
    La thèse de l’auteur est que ce succès doit autant aux compétences professionnelles de la présentatrice qu’a un don prodigieux, un talent inné : celui d’être reproductible à l’infini, d’être dépourvue de ces aspérités d’âme, de ces traits de caractère par trop saillants qui sont toujours un frein lorsqu’on aspire à faire l’unanimité. Figure de proue idéale pour une galère médiatique, pour le vaisseau TF1 qui traverse le pays de ces remous préfabriqués, qui s’emploient à combler l’ennui des téléspectateurs en excitant leur peur. Seule Claire Chazal, par son sourire toujours affable quel que soit le nombre de victimes ou l'intensité du cataclysme, seule Claire subtilement consolatrice à l’occasion des grands drames, impose la distance qui permet le triomphe en douceur de l’égoïsme et le travestissement du réel. Seule, ou presque, Claire, la fiancée de tous les français, la Madone de l'info a obtenu la censure de cette biographie non autorisée, dont le seul crime est de n'avoir pas été de la même détestable facture que ceux qui investissent régulièrement le marché du livre, de n'avoir pas été le produit de l’une de ces entreprises de racolage officiant sous caution littéraire... mais bien une oeuvre qui interroge sur cette guerre permanente que l'appareil médiatique livre à la réalité.

      La date/heure actuelle est Ven 26 Avr - 19:45

      Ne ratez plus aucun deal !
      Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
      IgnorerAutoriser